mercredi 25 décembre 2019

NOËL AUX TONGA


Décembre 1993, j'avais mouillé l'ancre à Lifuka dans l'archipel des Tonga.

■ Donne-moi 5 dollars et j'empêcherai les scorpions, les rats et les jolies mam'zelles de monter
   sur ton bateau.
▼ Je t'en donne 3, mais tu laisses les mam'zelles tranquilles.
■ Marché conclu, cap'taine !

Habituellement, c'est Bobby qui était chargé de cette mission, mais après 20 jours de mer, je sentais bien que mon fidèle Beauceron avait, lui aussi, besoin de se dérouiller les gambettes et de lier connaissance avec quelques beautés autochtones… qu'elles soient à deux ou quatre pattes. Je laissai donc mon navire sous la surveillance de cet adolescent sympathique et déluré, le priant de veiller tout particulièrement sur ma réserve de rhum arrangé.

Pour se rincer le gosier à Pangai, principale agglomération de l'île, le choix est plus que limité : un seul bar-tabac-hôtel-restaurant-casino-bowling-cinéma-dancing-pharmacie-bordel et, accessoi- rement, agence matrimoniale. C'est Le Plat Pays, tenu par Hugo, un ancien de la légion étrangère. Carcasse de viking, figure striée de balafres, ce Bruxellois pure souche cumule les titres de meilleur cultivateur de chanvre indien et de pire cuistot de tout le Pacifique sud. Il s'avère être également le meilleur client de son établissement. Pour le seconder, il peut compter sur madame Suzanne, sa compagne, femme de ménage, videuse, garde du corps, barmaid, couturière, gogo danseuse, jeteuse de sorts, psychanalyste, infirmière, menuisière, conductrice de poids-lourds et, accessoirement, michetonneuse. De plus, cette Réunionnaise aux contours généreux maîtrise à la perfection l'art si subtil du rougail saucisse. Manger un rougail saucisse de madame Suzanne, c'est un peu comme accéder au paradis en Harley-Davidson par la route 66.

Aux abords du centre-ville, je retrouvai donc mon vieux copain qui dorlotait son jardin d'Éden, attifé de son éternel marcel qui fut sans doute blanc au siècle dernier, d'un short beaucoup trop évasé pour endiguer la fuite de ses roustons, les pieds nus dans des rangers qui rappelaient son lointain passé de guerrier sanguinaire. Début d'après-midi, il devait déjà être bien imbibé d'eau-de-vie du Kentucky !

▼ Je pisse sur Eddy Merckx !
♦ J'encule Platini !
▼ Salaud de flamingant !
♦ Enculé de bouffeur d'escargots !
▼ Comment ça va, mon pote ?
♦ Et toi, le mataf, toujours puceau ? Mwââârfff !

En aussi peu de temps qu'il n'en faut à un travelo brésilien pour te coller la chaude-pisse, nous nous sommes retrouvés accoudés au comptoir du Plat Pays. Dans la salle, éclairée d'un maigre rayon de soleil qui peinait à se frayer un chemin à travers les persiennes, je devinai quelques poivrots bien trop saouls pour tenter la station debout, mais pas encore assez pour se vautrer dans la sciure. Alors, entre deux blagues de cul, on a refait le monde à notre manière, descendu quelques litrons de Jack Daniel's et grignoté des cacahuètes aussi molles que les couilles d'un enfant de chœur ! Je lui ai dit que l'Olympique de Marseille était champion d'Europe de foot. Ce à quoi il a répondu que ça ne risquait pas de se reproduire de si tôt… et on a reparlé de cul et on a re-refait le monde !

Quand l'horizon sur l'océan s'est paré des teintes du couchant, il m'a proposé de goûter son plat du jour. C'est là qu'il m'a fallu user de la plus grande diplomatie pour lui faire comprendre que malgré toute ma sympathie pour lui, je refusais de mettre ma vie en péril en ingérant quelque plat que ce soit, élaboré dans sa cuisine infestée de cancrelats, à partir d'ingrédients sans doute périmés depuis la sortie du premier disque des Beatles.

♦ Mouaihhh ! J'ai compris : tu préfères bouffer tes saloperies de haricots en boîte !
▼ Ben, si je peux éviter l'intoxication alimentaire !
♦ D'façon, les Français, zzz'êtes tousss des enculééés ! J't'encule et j'encule Platini 
   et j'encule l'OM… tiens, j'encule même Poulidor !
▼ Merci, Hugo, moi aussi je t'adore !

Je m'apprêtais à regagner mes pénates flottantes, quand la silhouette opulente de madame Suzanne se faufila à travers le rideau de perles multicolores de l'entrée. Un sourire jovial illuminait sa bouille ronde. Fier comme un dalmatien, Bobby se tenait à ses côtés.

♥ Oulah ! Mwen doudou joli, j'a t'ouvé ton clebs, li fé niqué tou s'qui bouj,
   li sé sacré cochon com' toi !
▼ Merci, madame Suzanne. J'allais justement rentrer.
♥ Èské rigol' toi, têt' di krab' ? Si la Nwël là ! Té pa so'ti d'isitt avan li manjé, épi boi' li fêt' bwasson.
   Joud'ui li sé ma'am Suzann' ki fè rougail sosiss ! Pos' yo cu su'l bankett, pi boi' li rom' coco
   ki fé maison !

Avait-elle besoin d'insister pour me retenir ? Oooooh, que non ! Alors j'ai exécuté les ordres de la patronne : posé mon cul sur la banquette et vidé la moitié d'une bouteille de rhum arrangé. L'autre moitié a fini dans le gosier de mon Belge préféré…  après Eddy Merckx !!!

Il ne fallut pas très longtemps, sur ce caillou de douze kilomètres carrés, pour que l'information ne se propage et qu'une centaine de convives se retrouvent à partager le fameux rougail saucisse de madame Suzanne. On a installé des tables jusque sur la rue, mis en perce une quantité industrielle de cubis de pinard. Le punch coco a coulé à flot. On a aussi sorti les guitares et les djembés, dansé la Macarena et le twist, lancé des pétards, des feux de Bengale, fumé les salades du jardin botanique d'Hugo… accompli des actes qui, en d'autres temps, nous auraient aussitôt menés au bûcher. Bref, on s'est éclaté comme des ballons dirigeables !

Ce n'est qu'au petit matin du 25 décembre que la foule ondulante s'est dispersée, non sans avoir auparavant exécuté le lakalaka — danse traditionnelle des Tonga. Alors, j'ai rejoins ma coquille de noix. À mes côtés, Bobby semblait, lui-aussi, peiner à marcher droit. Tel maître, tel chien ! À bord, j'ai retrouvé mon valeureux vigile… dans ma couchette… avec une jolie mam'zelle. Ils avaient un peu tapé dans mes boîtes de haricots, mais, Dieu soit loué, ma réserve de rhum arrangé était indemne. Je lui payai donc les 3 dollars promis, plus une prime de 2 dollars pour son zèle et sa conscience professionnelle.

jeudi 5 décembre 2019

MOURIR UN NOVEMBRE


J'aime quand novembre se pose sur mon océan
L'onde à l'étale se pare ainsi de reflets gris perle
Que les fous de Bassan caressent de leurs reflets
J'aime quand novembre nous rassemble au même lit
Ta peau satinée se pare alors des embruns de la nuit
Que je goûte avec l'appétit d'un incorrigible gourmet

J'aimerais que ma vie s'arrête un novembre
Confie alors mes cendres à l'océan nacré
Où glisse l'ombre des fous de Bassan
Et que tes larmes bruinent sur la lande


mardi 26 novembre 2019

JÉSUS MAJAX


Cabaret parisien recherche
MAGICIEN EXPÉRIMENTÉ
Envoyer C.V. à l'adresse suivante...
ou téléphoner au...

- Bonjour monsieur, quel est votre nom ?

- Christ... Jésus Christ.

- Ah bon ? Et comment s'appelle votre mère ?

- Marie.

- Et votre père ?

- Joseph, mais tout le monde l'appelle Jojo.

- Il est charpentier ?

- Non, plombier-zingueur, pourquoi ?

- Je ne sais pas, j'ai eu comme un flash. Sinon, quelles sont vos spécialités en matière de magie ?

- Bah ! Les classiques, bien sûr : les cartes, les lapins dans le chapeau, les nanas qu'on coupe en deux, apparition-disparition de mouchoirs. Mais ma spécialité c'est la transformation de l'eau en vin, ça fait un tabac dans mes tournées en province. Tiens,  le  verre  d'eau,  là  sur  votre  bureau... Cric ! Crac ! Badaboum ! Et voilà, c'est du pinard !

- Ah, la vache ! C'est du bon en plus !

- Tu m'étonnes : Petrus 82... j'suis pas un magicien de foire à la saucisse ! Je travaille aussi sur un nouveau numéro dans lequel je marche sur l'eau, qui promet d'être très spectaculaire.

- Parfait, monsieur Christ, je vous engage. Néanmoins, je dois avouer que je suis un peu gêné par votre nom. Christ, ça ne sonne pas très rock and roll. Il faudrait que vous trouviez un pseudonyme plus en rapport avec la magie.

- Justement, j'avais pensé à Mandrake.

- Mmmmh ! Non, non, trop éloigné de l'univers féerique. Voyons voir : magie... Majo... Maju... Maja... Majal... Majar... Majax... Que diriez-vous de Majax ? Ça sonne bien, Majax !

- Ah, oui ! Jésus Majax... Jésus Majax... Jésus Majax... oui, ça me plaît bien, Jésus Majax !

- Et que diriez-vous plutôt de Gérard ?

lundi 4 novembre 2019

ESTER CORDET


Ester Cordet, vous connaissez Ester Cordet ?

Avec ma première paye d'apprenti typographe, j'ai offert un bouquet de fleurs à ma mère… et tout de suite après, j'ai couru m'acheter mon tout premier Playboy. C'est ainsi qu'en octobre 1974, j'ai fait la connaissance de la sublime Panaméenne : elle éclaboussait de sa beauté vénéneuse les pages centrales du magazine. Vous me connaissez : je suis tombé aussitôt amoureux d'elle ! Amoureux de sa peau couleur miel de châtaignier, de son sourire ravageur, de ses yeux envoûtants… et de tout le reste aussi !

Si j'avais été un bel hidalgo fortuné, j'aurais aussitôt affrété un quadriréacteur pour rejoindre ma déesse à l'autre bout du monde. Mais je n'étais qu'un affreux binoclard qui trimballait sa carcasse pleine d'os sur un cyclomoteur Peugeot 101. Alors je me contentais de l'inviter tous les soirs à dormir avec moi, bien cachée sous mon oreiller. Et je rêvais qu'un jour, peut-être, elle viendrait me lire un joli conte de fée pour m'aider à m'endormir.

Je pourrais vous faire croire que je suis un homme fidèle. Malheureusement, il n'en est rien. Tout juste un mois après mon idylle idéale avec ma chérie caramel, je convolai déjà avec Bebe Buell, la blonde incendiaire qui trônait désormais dans le Playboy de novembre… elle-même remplacée par l'intrigante Janice Raymond, en décembre. 

Vous pouvez penser que je suis un garçon désinvolte, il n'empêche que dans mon cœur, la belle Ester restera à tout jamais ma première fiancée sur papier glacé.

mercredi 30 octobre 2019

LE ROI SE MEURT


Épuisé, le vieux roi s'est affalé
Sa grosse tête sur le sol aride
Il renifle le sable de sa savane
Très haut dans le ciel : le soleil

Il pense : j'ai eu dix reines, parfois douze
Des lionceaux par dizaines, vingt, quarante
Et me voilà gisant au cœur de mon royaume
Comme les mille proies que j'avais vaincues

Un plus jeune, plus robuste et plus vaillant
Règne désormais sur la tribu orpheline
Sournoise et venue des collines, s'avance
La meute des hyènes affamées

samedi 28 septembre 2019

STAIRWAY TO HEAVEN


- Salut, je peux m'asseoir là ?

- Ouaih, si tu veux.

- Ça fait longtemps que vous attendez ?

- Au point où on en est, le temps n'a plus vraiment d'importance, mais je dirais 3 ou 4 jours.

- Ah, ouaih, quand même ! Ça n'avance pas des masses !

- Pourquoi ? T'es pressé ?

- Non, pas spécialement, mais j'ai hâte de savoir à quelle sauce je vais être mangé !

- Hé ! Hé ! Si tu dis ça, c'est que t'as pas la conscience tranquille.

- Oh ! Rien de bien méchant : quelques euros non déclarés au Fisc, deux ou trois accrocs au contrat de mariage, un petit pétard de temps en temps... pas de quoi finir aux galères, et vous alors ?

- Moi je pars forcément avec un handicap : j'étais chanteur de rock ! À moi tout seul, j'ai bien dû cramer les tympans de milliers de fans. Du coup, j'ai aussi flingué le budget de la Sécu rien qu'en frais d'audioprothésiste. En plus, j'ai décapsulé autant de bouteilles de Jack Daniel's que de gonzesses... sauf que les nanas étaient consentantes ! Warf !!!

« Ding ! Dong ! Ding ! Dong !
Monsieur Kilmister... Lemmy Kilmister...
est attendu en salle d'admission au paradis !
Monsieur Kilmister !
Ding ! Dong ! Ding ! Dong ! »

- Putain de merde ! C'est maintenant que ça se joue. Croise les doigts pour moi, mec !

- Hey, monsieur Kilmister ! Si  on  se  retrouve  au  paradis, vous  me  chanterez  une  de  vos chansons ?...

jeudi 19 septembre 2019

NOIX DE COCO


Imprévisible capitaine au long cours
Loin des doutes et des chemins
Je suis le fil de l'eau, le fil des jours
À travers champs, loin des humains


Je suis d'ici, je suis d'ailleurs et de partout
Au sud, à l'ouest, à gauche, en bas
Vous me cherchez en haut, je suis dessous
Déjà longeant les côtes de Java


Inusable et franc bourlingueur
Pas une fille n'aura mon cœur
Et si la mort me prend bientôt
Jetez mes cendres dans une noix de coco

mardi 10 septembre 2019

SEPTEMBRE 69


Chaque fois que je me rendais chez ma tante Soaz, la consigne était impérieuse : interdiction absolue de s'approcher de la haie qui séparait son jardin de celui de sa voisine qu'elle qualifiait de "vieille fille naturiste". Dans ma petite tête d'enfant, je m'imaginais alors que cette maigre frontière végétale dissimulait l'antre d'une terrible sorcière aux dents moisies, tout droit débarquée d'un lointain pays appelé la Naturie.

Un dimanche après-midi de septembre 69, poussé par une curiosité malsaine et un goût certain du risque, j'avais enfin osé transgresser cette loi canonique. Et c'est ainsi qu'à l'aube de mes 11 ans, je me retrouvai pour la première fois en face d'une femme toute nue. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'elle n'était pas du tout vieille — en tout cas, moins que tante Soaz — et que je comprenais parfaitement ce qu'elle disait... on parlait donc le français en Naturie ?

« Ponchour, cheune hôôômme ! Foulez-fous un ferre te zitronâââte ? »

Mon Dieu, elle m'avait repéré et maintenant elle me parlait. J'étais déconcerté, éberlué, pétrifié, tétanisé, raide comme un vieux hareng saur. Il me semble avoir émis un improbable « vui ! » qui l'a fait sourire. Elle s'en est donc retournée vers une table de jardin en plastique jaune sur laquelle trônait une collection de bouteilles multicolores. Comme un papillon pris dans les feux d'une voiture, je restai figé par le spectacle de ses fesses bronzées, animées d'un hallucinant mouvement ondulatoire.

Cling ! Clong ! Firent les glaçons jetés dans un verre. Fsssh ! La bouteille de limonade qu'on débouche. Puis, le murmure d'une cascade fraîche.

Quand elle revint, ce fut un véritable feu d'artifice pour les mirettes ! Si le verso de la dame était déjà éminemment troublant, son recto n'en était pas moins envoûtant. Sous un torrent de cheveux translucides, deux énormes seins tout ronds semblaient se mouvoir en totale apesanteur au-dessus d'un ventre lisse comme une plage. Une toison hirsute et tout aussi claire dissimulait à peine le délicat renflement blotti au croisement de ses cuisses. En quoi consistait donc tout cet attirail étrange qui mettait en ébullition le petit tuyau qui me servait habituellement à faire pipi ?

Elle m'a tendu le précieux élixir et je me suis noyé dans ses yeux bleu pastel... je crois que mon cœur s'est embrasé. J'ai bredouillé un « Merci, madame » qui sonnait plus comme "Help !" que comme "Rocket Man".

« Ahrrr ! Nein, matâââme ! Che m'abbelle Olga et che fiens de la Allemâââgne ! »

La preuve était donc faite que tante Soaz avait tort sur toute la ligne : non seulement ce n'était pas une vieille fille, mais en plus elle était Allemande et non pas Naturiste  !

mardi 3 septembre 2019

MISS MIRABELLE


Tu sens mon souffle s'emballer ? Tu sens mon cœur s'éteindre ?

Ne me lâche pas, humain. Pas maintenant, pas à l'instant où je vais m'en aller. Si tu m'aimes autant que je t'ai aimé,  je sais que tu me porteras jusqu'à l'ultime  seconde. Je veux que tu me serres une dernière fois dans tes bras... enfin je pourrai m'endormir pour toujours et tu pourras commencer à pleurer.


samedi 24 août 2019

INCANDESCENCE PHILHARMONIQUE


Donnez-moi le la, chère amie
Et donnez-moi le, là, dans ce lit
Dans ce lit-là, aux draps lilas
À cloche-cœur dans
ton décolleté
Tricoter de doux accords
À doigts de velours sur
ta peau
Tisser des arpèges irisés
À tire-d'aile au fil de tes courbes
Poser des barrés de si mineur
À brûle-pourpoint sur ton corps
Laisser sonner un vibrato
Et dans une tendre connivence
Entamer la
frénétique coda
À deux, nous serons orchestre

Philharmonique incandescent

samedi 10 août 2019

TOI


Mais toi
Qui que tu sois
Qui es-tu ?


Tu es mon lagon, mon cocon
Mes Seychelles, mon arc-en-ciel
Tu es ma tempête tropicale
Et mon aurore boréale
Tu es mon océan symphonique
Et mon orchestre pacifique


Tu es mon oasis, mon champ de blé
Mon cannabis, mon riz au lait
Du caramel au beurre salé
L'orage dans mon cœur fané
Le feu dans mes veines usées
Du soleil sur mon lit défait


Tu es
Tu es tout
Tu es tout pour moi
Et tu me tues
Mais toi, m'aimes-tu ?

jeudi 1 août 2019

MARILOU EN AOÛT


De vous à moi, jolie Marilou
Où, oui où irez-vous en août ?
Acheter des bijoux à Corfou ?
Planter des choux à Katmandou ?
Chasser les z'hiboux à Limoux ?
À Cayenne casser des cailloux ?
Manger des zébus chez les hindous ?
Tresser du coton à Cotonou
Chez les papas papous sans poux ?
Ou chez les mamans
à poux zouloues ?
Ôtez-moi d'un doute et dites-moi
Jolie Marilou, où serez-vous en août ?

samedi 13 juillet 2019

SAINT-MIHIEL


Flash back ! Juillet 74, on a monté nos tentes au bord de la Meuse, juste à la sortie de Saint-Mihiel. La photo n'est plus très nette, mais on reconnait Jean-Marc et sa sœur Graziela, Jean-Paul qui en pince pour la sœur de Jean-Marc, le gros Serge qui se tape l'incruste. Et puis, la belle, la magnifique, la sublime Nelly, regard clair, cheveux fous. Complètement à droite, encore plus flou que les autres, il y a le petit Mimi, tee-shirt floqué du drapeau américain, Ray-Ban miroir, les tifs en pétard. Lui, il en bave pour la belle, la magnifique, la sublime Nelly… regard fou, cheveux clairs !

Il est bourré de complexes, le pauvre Mimi. Faut dire qu'il est gaulé comme un filet de limande et qu'il se liquéfie dès qu'il est en présence d'une fille. Mais pour ce weekend entre potes, il a sorti la grosse artillerie… en l'occurrence la superbe guitare folk que pépé Jos lui a offert pour Noël. Depuis, le petit Mimi a potassé comme un malade sur la méthode à Dadi, il a ingurgité des accords à la pelle et peaufiné son brossé de cordes.

Ce soir, au coin du feu, s'il parvient à contenir ses émotions et placer ce putain de barré de si mineur, il sera le roi de la soirée… et peut-être, avec un peu de chance, il pourra embrasser la belle, la magnifique, la sublime Nelly.

lundi 8 juillet 2019

L'INVITATION


Soyons soyeux, unissons-nous
Glissés sous des draps lisses
Osons ces instants si délicats
Lions nos vies sous un dais d'organdi
À l'orée de l'extase, nos corps soudons
Mains, seins, en solennelle communion
Osmose des âmes et des souffles
Regards infiniment sensibles et sereins
En symphonie, exultons de concert
Puis endormissons-nous pour un siècle

lundi 1 juillet 2019

JUILLET


J'aurais aimé, mon aimée, vous aimer en juillet
Trop de soleil, trop de fleurs et trop d'oiseaux
Las, juillet n'est guère propice à s'aimer, mais
Plutôt à lézarder à l'ombre d'un amandier


Si le cœur vous en dit, mon aimée, venez en juillet
Vous réfugier sous les branches de mon amandier
Le soleil, les fleurs et les oiseaux pour témoins
Nous lézarderons de concert jusqu'au mois d'août

mercredi 26 juin 2019

MÂT DE MISAINE


Me ferez-vous l'honneur, monsieur
De me laisser grimper à votre mât ?
Qu'il soit de misaine ou d'artimon
Pour moi, il sera de cocagne


Ainsi perchée, je pourrai voir monter
Votre désir, votre délire, votre extase
Et goûter l'écume de votre plaisir
Me ferez-vous cet honneur, monsieur ?

mercredi 19 juin 2019

LA FALAISE


« C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance… »

Ils se sont trouvés sur la falaise
Face à l'océan bienveillant
« Ils avaient le ciel à portée de main »
L'écume pour unique horizon
Ils se sont raconté leur vie cabossée
Un mari violent, des enfants égarés
Une épouse volage, un patron tyran
Sans se connaitre, main dans la main
Ils ont fait le dernier voyage

Ils vivent désormais leur amour platonique
Au fond de l'océan bienveillant
Les yeux mangés par les poissons

samedi 15 juin 2019

SAINT-BERNARD


Ah, le con ! Y s'est encore chié dessus ! Va encore falloir que je le dessape pour le coller sous la douche. Et monsieur va encore gueuler parce que je fais des trous dans ses fringues avec mes dents. Putain de boulet !

Deux mois qu'il s'est fait lourder par une grognasse blonde, et tous les soirs il continue de lui jouer la sérénade, et chaque fois il se fait remballer, et tous les matins il rapplique à la maison aussi chargé qu'un supertanker ! Et  je  le  retrouve  vautré  sur  le  paillasson, baignant  dans  son  vomi. Putain ! Faut vraiment avoir foi en l'humanité pour supporter ça.

Des fois, je me dis que je mériterais une médaille ! Des fois aussi, je me dis que je devrais le laisser crever sur le trottoir, mais il se ferait bouffer par tous les clébards du quartier, et ça me ferait quand même un peu mal au cœur. Parce que, finalement, je l'aime plutôt bien, ce mec-là. Il est venu me chercher quand j'étais en galère, il a soigné mes blessures, il m'a nourri, il m'a ouvert les portes de sa piaule… et même si c'est pas Versailles, c'est quand même chauffé l'hiver et plus confortable que sous les ponts !

Ah ! Si je pouvais, je lui dirais bien que les gonzesses c'est pas important. Tiens, moi quand je veux tirer un coup, je vais voir la petite bergère allemande qui habite au coin de la rue. Crac ! Crac ! Badaboum ! Dans les fourrés, vite fait, bien fait ! Après, on se revoit… ou pas ! On n'a pas d'obligations l'un envers l'autre.

Mais vous, les humains, comme si vous n'étiez pas déjà plus handicapés que nous côté sentiments, vous avez inventé la fidélité. Et que je me colle avec une nana, et que nous vieillirons ensemble, et que nous aurons des enfants, et que je t'aime plus qu'hier et moins que demain. Et comment ça se termine systématiquement ?… En eau de boudin !!!

Ah ! Ben tiens, en parlant de boudin, faut encore que je traîne mon poivrot de maître sous la douche… après, je vais me taper une sieste dans ma niche et rêver à la belle chihuahua de la jolie voisine !

mercredi 12 juin 2019

NINI


Disons-le tout net : tante Nini était un peu neuneu
Mais, Dieu, qu'elle était belle, tante Nini
Quand elle souriait de toutes ses dents
Quand elle souriait, on aurait dit un soleil
Un soleil ou un ange
Ou un petit oiseau tombé du nid, Nini
Elle était si belle, tante Nini
Qu'elle avait un amoureux
Ils étaient si beaux tous les deux
Quand ils se promenaient le long du canal

dimanche 9 juin 2019

EL TORO


Hey ! J'l'avais dit ou j'l'avais pas dit qu'y fallait pas me faire chier ? Ah, évidemment, s'y faut parler l'andalou pour se faire comprendre, on n'est pas sortis de l'arène !

En tout cas, dès que j'l'ai vu, l'aut' guignol avec son costard de fiotte, direct j'ai visé les couilles… enfin, les couilles, j'dirais plutôt des noyaux de cerise ! Et ouaih, ça fait le mariole avec son chiffon rouge, mais y'a rien dans le calbard ! Comment il a couiné quand j'lui ai fourré bien profond dans le fion… y gueulait sa mère comme un goret qu'on étripe ! Et après que je lui ai bien déchiqueté l'anus, j'lui ai chié sur la gueule ! Pour une fois qu'on peut s'marrer, on va pas s'géner !!!

Oh, putain ! Ses copains étaient vénères, y z'ont commencé à me piquer le cul avec leurs aiguilles à tricoter. Ceux-là aussi, j'les ai fait valser. Et un, et deux, et trois zéro pour bibi ! Madre de Dios ! C'était pas beau à voir, y'avait de la barbaque éclatée partout sur la rambarde, ça sentait la merde comme c'est pas possible… j'ai failli vomir ! Heureusement, j'ai un peu de savoir-vivre, j'me suis retenu ! Le caca, ça va, mais le vomi, le public aime pas ça ! J'ai bien vu quelques chaudasses virer de l'œil. Hey ! Les filles, faut pas venir à la corrida si vous aimez pas le sang. Enfin, quand c'est celui du taureau, ça va, ça passe, mais si c'est celui du toréro, oh la la ! tout de suite, c'est pipi dans la culotte !

Rhâââ, les salauds ! Ils ont appelé du renfort ! Ça déboule de partout, vont pas me lâcher, ces cons ! J'crois bien que je sortirai pas vivant de c'trou à rat. Mais avant de crever, je vais encore en éclater quelques-uns et quand je serai vraiment trop esquinté par ce combat, j'irai me coucher au milieu de l'arène. Alors je poserai ma tête sur le sable et je fredonnerai cette chanson que j'aime tant :

« Si, si hombre, hombre
Baila, baila
Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, y otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar
Y mataremos otros »

dimanche 2 juin 2019

J'OINS TON JOINT


Faut être sacrément balèze
Pour écrire un poème sur le mois de juin
Pass'que franchement, "juin" ça rime à rien !
À part avec "j'oins" du verbe "oindre"
Ou avec "joint"… de culasse
Ah ! Culasse, voilà un mot qui rime bien
Du coup, on pourrait dire : « J'oins ton joint »
Genre je te beurre la rondelle
En terme de poésie, on a déjà fait mieux !
On peut aussi taper dans les rimes moins riches
Les canards font coin ! coin !
Le bébé fait ouin ! ouin !
Je te beurre la rondelle dans le foin !
Mouaif !…

Finalement, pour écrire un poème sur le mois de juin
Faut être un sacré foutu bon écrivain
Ce que je ne suis… POINT !

samedi 18 mai 2019

CE QU'IL TE PLAÎT


Tu peux fumer en paix un calumet
Dans les orties, pousser mémé
L'assommer ou même la dégommer
Pour enfin pouvoir la plumer
Personne ne va te diffamer
Certains peut-être vont t'acclamer


Des belles pépées, tu peux charmer
De ton sourire les désarmer
Leurs petits cœurs enflammer
Entre guillemets, tu es un gourmet
Tu peux en faire ton entremets
Sans pour autant être à blâmer


Tu peux tout faire en mai
Rester chez toi enfermé,
À rêver des Beatles se reformer
Sans s'alarmer, je peux l'affirmer
Fais ce qu'il te plaît en mai
Mais n'omets jamais d'aimer

samedi 4 mai 2019

ROADHOUSE BLUES


C'est l'histoire du p'tit gars Jim et de sa copine Marylou. À bord d'un pick-up Chrysler cabossé, ils roulent sur une interminable route poussiéreuse comme on n'en trouve qu'au cœur des États-Unis. Direction : là où le soleil se couche. La radio crache un vieux titre des Doors.

Ils fuient la ville, ils fuient l'ennui, ils fuient l'ordre et la morale... surtout, ils fuient un père qui n'admet pas que sa fille en pince pour un black. Le soir tombe mais la chaleur est encore étouffante. Les yeux pleins de sable et de rêves, ils se garent sur le parking d'un motel miteux. Un chien pouilleux dort sur le lino râpé du hall d'entrée. Ça sent la transpiration, la bière chaude et l'haleine négligée. Le proprio empoche les 40 dollars et leur présente le registre à remplir. Le p'tit gars signe : Jim Morrison. Le chien baille... le proprio aussi !

Maintenant, il fait nuit. Pas une étoile au firmament. Demain, il va pleuvoir... c'est sûr. Dans les collines alentours, les chacals donnent un concert. Jim et Marylou dorment enlacés dans les draps froissés d'un lit trop grand. Un violent coup de botte fait voler la porte et les gonds. Dans l'embrasure : le père de Marylou. Il n'admet pas que sa fille en pince pour un black... c'est sûr.  

Ku ! Klux ! Klan !  C'est le bruit que fait la culasse de la carabine qu'il recharge... 

mardi 30 avril 2019

ICI PARIS


J'ai perdu mon mari à Paris, criait Marie
Partie de cache-cache à Paris, je parie
Pas vu, pas pris à Paris, Marie chérie
Chantait Harry, le mari hilare d'Hillary

Jean-Louis, le mari de Marie est parti
Avec Hillary dont le mari Harry est aigri
Les deux amis enfin réunis à Roissy
Partent en safari fissa aux Canaries

Puisqu'il en est ainsi, dit Marie ébahie
Filons aussi, cher Harry, aux Canaries
Que nenni, fit Harry, un poil surpris
Allons plutôt, ma belle amie, à Zanzibar

dimanche 21 avril 2019

LA CÉLÉBRITÉ


Je dédie cette chronique à des gourdasses comme Loana et autres Nabila qui sont élevées au rang de stâââââr, simplement pour s'être faites déglinguer dans une auge à cochons ou avoir étalé leur QI de mollusque dystrophique en prime time… parfois les deux en même temps.

Ce n'est pas parce que Nikos et ses cons frères ne tarissent pas d'éloges sur ce genre de boudins gonflés d'autant de silicone qu'il en faudrait pour rénover les tours jumelles du World Trade Center, que l'on doit laisser passer la caravane sans aboyer.

S'il vous plaît, mesdemoiselles, une fois dans votre triste vie, ouvrez une encyclopédie et lisez les articles dédiés aux femmes qui apparaissent sur cette image. Vous verrez qu'un destin glorieux ne se forge pas seulement en déballant sa viande aux hormones sur les plateaux de télévision.

mercredi 17 avril 2019

INCOGNITO


Putain de bordel de merde ! Ça fait super chier ! Tu te crèves le cul à pondre des chouettes chansons, et tout le monde s'en fout !

Jean, Paul, Georges et Richard sont amis depuis plus de 50 ans. En 1966, ils avaient formé un groupe de rock : The Bottles.

En 1967, ils étaient tous réunis au studio d'enregistrement pour mettre en boîte leur premier disque. Ils avaient bossé comme des malades afin d'obtenir le précieux sésame qui allait peut-être bouleverser leur vie. Pour la face A, Paul et Jean avaient coécrit Des champs de fraises pour toujours, une jolie chanson un peu surréaliste et onirique. Pour la face B, Georges s'était débrouillé tout seul pour pondre Pendant que ma guitare pleure doucement. Deux chouettes chansons qui allaient embraser les hits-parades du monde entier, ils en étaient sûrs.

Le disque s'était plutôt bien écoulé : 17 exemplaires, le premier jour, rien que sur Cherbourg. Une cinquantaine d'autres sur la région parisienne. Quelques autres centaines, les semaines suivantes, en France et en Belgique. Puis, plus rien. Aucune radio n'avait daigné le diffuser. Seul un entrefilet en dernière page d'Ouest-France avait évoqué l'événement. Les maisons de disques étaient restées muettes, les producteurs aux abonnés absents.

Les Bottles ont fini par ranger leurs instruments mais, plus d'un demi-siècle plus tard, ils continuent de se retrouver autour d'un verre pour évoquer ce qui fut la plus belle mais aussi la plus douloureuse période de leur existence. Et quand la patronne du café qui les accueille voit une larme glisser sur leur joue, elle imagine que c'est le travail à la fonderie qui leur a abimé les yeux.

lundi 15 avril 2019

KO AOTEAROA TĒNEI


J'ai vu des gens debout
En pleurs, mais debout
J'ai vu des gens le poing levé
Non pas pour frapper
Mais pour toucher le ciel
J'ai vu des enfants déposer des fleurs
Sur les fleurs déjà posées par leurs parents
J'ai vu un peuple noble, fier et fort
Un peuple bigarré, rude et dynamique
J'ai vu un pays plein de bosses et de balafres
Une nation ouverte et solidaire
Un patrie qui chérit ses enfants
Quelles que soient leurs origines
Et surtout un pays qui se dressera toujours
Contre la haine des prêcheurs infâmes


J'ai vu la Nouvelle-Zélande

 

I've seen people standing up
Crying, but standing up
I saw people with their fists up
Not to hit
But to touch the sky
I've seen children lay flowers
On flowers already placed by their parents
I saw a noble, proud and strong people
A colourful, rugged and dynamic people
I saw a country full of bumps and scarring
An open and supportive nation
A country that cherishes its children
Whatever their origins
And above all a country that will always stand up
Against the hatred of the infamous preachers

I saw New Zealand
 

mardi 9 avril 2019

RE-COMMENCER


On s'est vus
On s'est plus
Émus
Aimés
Plus plus
Plus émus
Plus aimés
Plus vus


L'espoir
De se revoir
De se replaire
Se rémouvoir
Se raimer

vendredi 8 février 2019

LADY KATE


Rhôôôôô, putain, le coup de pied au cul intersidéral ! C'était il y a 40 piges, je m'en souviens comme de ma première turlutte… je parle de l'accessoire de pêche, vous l'aurez compris !

Donc, je me lève tout chiffonné un beau matin. Machinalement, j'allume le transistor posé sur le frigidaire. Je m'apprête à m'affaler devant mon Nescafé et mes tartines de mortadelle, quand je suis comme emporté par un tsunami musical. Un truc que je n'avais jamais entendu… et qui aurait dû me coller de l'urticaire jusqu'à l'Épiphanie. Un truc plein de pianos, de violons et la voix haut perchée d'une nana qui dégageait une énergie incroyable. J'étais baba, scotché à mon tabouret en formica jaune, les valseuses en ébullition ! Et puis ce satané truc se terminait par un solo de guitare lumineux comme un matin de printemps. Putain, j'en bave encore sur mes charentaises !

Résumé de la situation : j'étais en train d'écouter — et d'aimer à la folie — un putain de truc à vingt mille lieues du Cat Scratch Fever qui remplissait mes insomnies, entre un Led Zep et un Rainbow bien tassé. Est-ce que j'étais en train de virer pédé ?!?!?

J'ai alors enfourché mon 101 Peugeot customisé pour aller confier mes angoisses existentielles à mon copain Patrick qui tenait le rayon disques du Prisunic. Il m'a aussitôt rassuré quant à mes orientations sexuelles : nous étions des millions de par le monde à être tombés sous le charme de cette sorcière anglaise qui était parvenue à envoûter les plus bornés bourricots de la métallosphère.

Rassuré, je suis rentré à la maison avec le 33 tours de Kate Bush sous le bras. Je me souviens de cette sublime pochette : plus belle que Paranoid, plus sexy qu'In Rock. Et la jolie bobine de la demoiselle accrochée à son cerf-volant n'était pas près de s'échapper du tréfonds de mon cerveau reptilien. 

♪ ♫ J'ai encore rêvé d'elle ♫ ♪

lundi 4 février 2019

FILLE DE JOIE


                                                   J'étais putain dans une autre vie !
                                                   Geisha du bitume, catin magnifique
                                                   Reine du pavé, psychologue de boudoir
                                                   J'ai paluché de jolis moussaillons
                                                   Cravaché des généraux de salon
                                                   J'ai dépucelé des fils d'archevêques
                                                   Chevauché leurs pères, vidangé leurs aïeux
                                                   J'ai forniqué avec tout ce que la politique
                                                   compte comme bonnes figures
                                                   Baisé avec des stars du showbiz, des assassins
                                                   Des maquereaux, des dealers, des crève-la-faim
                                                   J'avais mes petits ritals, mes petits bicots
                                                   toujours polis, propres et avenants
                                                   J'avais le chef de gare, jamais en retard
                                                   Et Jojo, le bouseux qui me prenait sur la paille
                                                   Et Bernard, la grande gueule du syndicat
                                                   qui ronronnait quand je lui talquais les fesses
                                                   Le peintre maudit m'offrait des bouquets d'iris
                                                   Georges de Sète se prenait pour un gorille
                                                   Et le petit Charles était oh ! comme ils disent

                                                   Aujourd'hui, j'ai mis au clou mes talons-aiguilles
                                                   Chez Emmaüs, mes porte-jarretelles, mes bas résille
                                                   J'ai laissé mon trottoir aux filles de l'Est
                                                   Mon carré de verdure aux Brésiliennes

                                                   À tous ceux qui se sont laissés aller entre mes cuisses
                                                   Si vous me croisez un jour dans un bus, au supermarché
                                                   N'hésitez pas à me faire un petit sourire discret
                                                   En souvenir de la belle Nicole de Paname !
                                                  

mardi 15 janvier 2019

MOT À MAUX


Mot doux, mot d'ordre
Mot de passe, mot d'excuse
Les mots ! Les mots !
On leur fait dire ce qu'on veut
Aux mots !
Mais les maux restent
Les maux ! Les maux !

dimanche 13 janvier 2019

CHARLIE… ON N'OUBLIE PAS


Après ça, le plus dur c'est de se retrouver devant sa page blanche.

Bien sûr, j'ai envie de crier, j'ai envie de taper du poing sur la table et de dire des putains de gros mots et de pleurer un peu aussi. Je pourrais aussi vous raconter l'histoire de l'ours qui se torche le cul avec un petit lapin, mais je ne suis pas sûr que ça nous ferait rire… pourtant elle est super rigolote !

En feuilletant les pages du web, j'ai trouvé des milliers de Charlie qui ont fleuri dans le monde entier. Et ça, ça fait vraiment chaud au cœur.

Alors le mieux, pour l'instant, c'est de s'assoir par terre et d'attendre que la poussière retombe.