lundi 30 octobre 2017

GARÇONS


                                                 Les  garcons  c'est  tous  des  çons
                                                 Qui  pensent  qu'à  nous  mater  les  nissons
                                                 C'est  aussi  des  gros  trous  du  fût
                                                 Quand  ils  nous  pincent  le  cululu
                                                 Ainsi  parlait  madame  Zarathoustra !


Aux yeux des nanas, nous, les garçons, sommes affublés des pires maux de la Terre. On fume, on boit, on pète, on fait la fête, on ne pense qu'à notre compteur-filles. On est tous persuadés d'être des pilotes de Formule 1. On mange la pizza avec les doigts et on boit les bières au goulot.

On glande comme des ramiers. On se vautre sur le canapé pour voir 22 pédales en short courir après la baballe. On a un avis sur tout... on a surtout un avis et on a toujours raison. Aux films intellos comme Pretty Woman on préfère les drames sociologiques comme Rambo. On a une bite à la place du cerveau et, bien souvent, une coquillette au fond du slip. On ne comprend pas que les filles ne comprennent pas la règle du hors-jeu (... pourtant simple, merde !). On maîtrise mieux la scie sauteuse que l'aspirateur. On râle, on pue des pieds, on pisse dans le lavabo, on laisse des poils dans la baignoire...

OK, les filles, pour une fois vous avez raison ! Oui mais, qui change la roue de secours ? Qui vous offre de jolis dessous affriolants ?  Qui  vous  réchauffe  les  pieds au lit ? Qui vous prête sa carte bleue pour aller faire les soldes ? Qui vous amène voir votre mère tous les week-ends ? Qui change la tapisserie  du  salon ? Qui  repeint  les  volets ? Qui promène le chien ? Qui nourrit le poisson rouge ? Hein ???

Donc, s'il vous plait, mesdames et mesdemoiselles, accordez-nous un peu d'indulgence et surtout arrêtez avec votre mauvaise foi permanente !

vendredi 27 octobre 2017

# BALANCE TON PORC


Je les vois d'ici, tous ces culs-bénis qui implorent le ciel à la simple évocation du Hellfest — le festival qui sent le soufre à cent lieues à la ronde. Ils vocifèrent, ils s'époumonent, ils s'égosillent avant de se précipiter vers la chapelle la plus proche pour s'humecter les tympans d'eau bénite, en priant la vierge Marie qu'elle foudroie tous ces hérétiques chevelus.

Puis ils se plongent dans la Bible afin d'y trouver un verset absolvant cette petite gaule qui les chatouille au passage d'un gamin potelé et la main aux fesses de cette allumeuse en minijupe qui n'a finalement que ce qu'elle mérite. Dieu n'a dit-il pas dit qu'il fallait s'aimer les uns les autres ?

Sombres fumiers encravatés, vous grillerez en enfer avant même que le plus humble metalleux n'y pose ses santiagues. Les succubes vous couperont les couilles pour s'en faire des colliers de perles. Puis vous serez livrés à des troupeaux de boucs priapiques qui vous feront subir les mêmes affronts que ceux que vous infligiez à cette gentille petite stagiaire pas très futée qui fondait en larmes dès que vous lui arrachiez sa culotte.

Les porcs finiront en enfer. Ainsi soit-il !

mercredi 25 octobre 2017

VENTÔSE


J'habite en Bretagne.

Cette jolie région présente deux atouts majeurs : les Bretonnes et les fruits de mer… et deux inconvénients : la pluie et le vent. La pluie me fait profondément chier.

Par contre, quand Éole est furax, j'aime aller dans un coin près de chez moi qui s'appelle le Bois de Sapins. Comme son nom l'indique, c'est un lieu piqué d'interminables résineux sur une falaise qui nargue l'océan. Quand le vent du large s'engouffre dans la rade de Brest, il balaie méchamment ce caillou vertigineux.

Je me plante alors face au précipice, les yeux rivés sur l'horizon et les naseaux braqués plein Ouest. Je suis le roi du monde.

                                Je n'm'enfuis pas,  je vole
                                Comprenez bien,  je vole
                                Sans fumée, sans alcool
                                Je vole,  je vole


Peut-être qu'un jour, je ferai un pas de plus. Juste pour voir jusqu'où le vent peut m'emporter…

lundi 23 octobre 2017

BREL


L'inspecteur Colombo entre dans la pièce.

« Ah ! M'sieur Brel, je suis content de vous rencontrer. C'est ma femme qui parle toujours de vous. Elle dit que vous êtes un grand artiste en Belgique. »

Tout en mâchonnant un bout de cigare éteint, il époussette les manches de son pardessus mastic.

« Au fait, vous êtes au courant pour la pauvre Fanette... et son amant ? C'était au mois de juillet, la plage était déserte, ils ont nagé si loin, ils ont nagé si bien qu'on ne les revit pas. Mmmh ! Triste histoire, quand même. Vous connaissiez la Fanette, n'est-ce pas ? Vous étiez amis, c'est ça ? Et vous avez dû en chanter des chansons pour elle. »

Il s'approche d'un guéridon sur lequel est alignée une série de photos.

« Mmmh ! C'est bien le portrait de Fanette ? Faut dire qu'elle était belle et vous n'êtes pas beau. C'est ma femme qui vous trouve beau. On peut dire que vous étiez amoureux d'elle, non ? Euh ! Je veux dire de la Fanette, pas de ma femme ! Hin ! Hin ! »

Maintenant, il regarde l'impressionnante collection de disques d'or accrochés au mur.

« Excusez-moi de vous poser toutes ces questions, m'sieur. Vous comprenez, c'est surtout ma femme que ça intéresse. Et oui, comment expliquer qu'un jeune couple, en pleine santé, ait pu se laisser surprendre par la marée ? C'est étrange, tout de même ? Comme dit ma femme : on ne nous apprend pas à se méfier de tout. »

Il constate alors que des valises sont prêtes.

« Mais je vois que vous partez en voyage. Les Marquises ? Ma femme me dit beaucoup de bien des Marquises. La mer est calme là-bas, on ne risque pas de se noyer. Et puis, il n'y a pas de mauvaises langues pour dire que la Fanette et son amant ont ri quand ils vous ont vu pleurer. Oui, c'est ma femme qui l'a entendu au drugstore. D'autres disent même qu'ils ont chanté quand vous les avez maudits. Mais tout ça, c'est des ragots, n'est-ce pas, m'sieur ? »

Le chauffeur emporte les bagages.

« Ne partez pas si vite, m'sieur Brel. On dirait que vous fuyez. Vous et moi savons que vous n'avez rien à voir dans ce terrible accident, n'est-ce pas ? C'est bien ce que je pensais. C'est ma femme qui va être rassurée. Je vous ai dit que ma femme vous aimait beaucoup ? Mais j'y pense : j'ai oublié de vous demander ce que vous faisiez ce fameux jour de juillet. Mmmh ! Vous étiez à Amsterdam. Mais bien sûr ! Ma femme me parle souvent d'Amsterdam.»

Désormais, la pièce est vide. L'inspecteur Colombo tente vainement d'allumer son bout de cigare. Il feuillette son carnet de notes, se gratte la tête avec perplexité. Un éclair de lucidité vient de traverser son cerveau. Il se précipite dans le couloir, dévale les escaliers et parvient à rattraper Jacques Brel avant qu'il ne monte dans un taxi.

« Au fait, m'sieur, je crois que nous sommes appelés à nous revoir très bientôt. Oui, j'ai l'intention de visiter les Marquises avec ma femme. Peut-être que nous pourrions passer vous voir, à l'occasion ? Elle serait si contente de vous rencontrer. »

vendredi 20 octobre 2017

LUCY IN THE SKY WITH DIAMONDS


Posons nos flingues, nos couteaux, nos tronçonneuses et nos nunchakus. Asseyons-nous dans un champ de fraises, à l'ombre des cerisiers en fleur.

Sortons les bouteilles de Pschitt et les Chupa Chups au caramel. Les filles porteront de longues robes légères et des corsages fleuris. Les garçons, des pantalons de flanelle et des boléros fleuris eux aussi. Laissons nos cheveux (ou ce qui l'en reste !) flotter dans le vent guilleret d'un début de printemps.

Dans le ciel, pas un nuage, mais Lucy avec des diamants. 

mercredi 18 octobre 2017

ÉTOILES


En fin de bringue, il m'arrivait parfois d'aller jeter mon corps plein d'alcool sur le sable de Mtsanga Fany. Les doigts enfoncés dans l'océan Indien, je plongeai mes yeux dans les étoiles.

Une nuit plus chaude que d'habitude, sous un ciel plus clair, une jolie Mahoraise vint se glisser au creux de ma plage. Son corps était fin comme la coque d'un prao et sa peau 100 % cacao. Des perles multicolores ornaient ses cheveux. Elle a dit « Oukou mwema ! » et a posé ses lèvres sur mon ventre. J'ai dit « Bonsoir ! » aussi et j'ai posé mes yeux sur ses petits seins pointus.

Elle m'a monté à cru. Elle était jeune, mais experte. Je l'ai laissée me prendre. Elle était l'amazone, j'étais le pur-sang... plutôt le Percheron dont elle labourait la carcasse usée à coups de griffes perfides. Le spectacle que j'avais sous les yeux était digne d'une production hollywoodienne : vision en contre-plongée d'une fille, belle comme une barre de réglisse, sur fond bleu-nuit d'un ciel des tropiques.

Et je vous jure que cette nuit-là, j'ai vu quelques étoiles me faire des clins d'œil...

lundi 16 octobre 2017

TRISTEZA ENEMIGO


                                                              C'est  un  chemin  que  j'ai  suivi
                                                              Bordé  de  ronces  et  d'orties
                                                              Je  l'ai  cloué  sur  mes  bras  
                                                              Je  l'ai  tatoué  dans  le  cœur

                                                              Des  fois  je  l'appelle  mélancolie
                                                              Et  encore  blues  et  spleen
                                                              Mon  âme  sœur,  ma  belle  amie
                                                              Je  suis  bien  dans  tes  draps

                                                              Je  ne  suis  heureux  que  triste
                                                              Et  triste  plutôt  que  mort
                                                              Mon  soleil  s'est  éclipsé
                                                              Depuis  l'aube,  je  suis  en  deuil

vendredi 13 octobre 2017

… ROCK 'N' ROLL


Sur scène, le groupe égrenait les standards de Johnny Cash et Kris Kristofferson.

Je l'ai regardée longtemps danser dans la fumée.

Ses lèvres écarlates étaient comme des sémaphores dans le brouillard, attirant les cœurs égarés vers de troublants écueils.

Quand elle s'est accoudée près de moi au bar, j'ai dit : « Goudeuh dand-sseur ! ».

« Thanks lil' Frenchy ! » m'a-t-elle répondu. Sacré vind'jiou, comment avait-elle deviné ?!?

Je lui ai payé une Bud. Elle m'a payé une Bud. Je lui ai payé une Bud…

On a parlé… peu. On a ri… beaucoup.

On a bu. On a pissé. On a rebu. On a repissé…

Finalement, on a dormi dans son pick-up.

Au petit matin, devant les œufs brouillés, elle m'a proposé de la suivre jusqu'à son ranch du Colorado. Impossible, on m'attendait à Memphis, Tennessee.

On s'est donc quitté comme on s'était rencontré : par hasard.

Quand le Dodge Dakota s'est évaporé dans la poussière du lointain, je me suis rendu compte que je ne lui avais même pas demandé son nom.

Bah ! Je l'appellerai simplement Miss Rock and Roll !

mercredi 11 octobre 2017

… DRUGS &…


                                                               Amphétamine, tu me mines
                                                               Et mescaline, tu me ruines
                                                               Héroïne plus cocaïne
                                                               C'est assurée une mort fine
                                
                                                               La souris déglingue
                                                               Et l'ecsta rend dingue
                                                               Le cannabis dépeuple
                                                               Comme l'opium du peuple

                                                               — Moi  ma  drogue,  c'est  l'alcool
                                                                   Je  suis  d'la  vieille  école
                                                                   Quand  j'fume  du  hasch
                                                                   Ça  m'donne  pas  d'flash
(Luc Plamondon)

lundi 9 octobre 2017

SEX &…


                                                               Ce soir, volerons vers Alex…
                                                               Andrie, ma chère Alex…
                                                               Andra, dans un duplex
                                                               Sur votre corps convexe
                                                               Corseté de latex
                                                               Glisserai sans complexe
                                                               Un inquisiteur index
                                                               Sans que cela vous vexe
                                                               Et par un prompt réflexe
                                                               Emboîter mon apex
                                                               Ferme comme un silex          
                                                               En votre doux vortex
                                                               Si nos amours annexes
                                                               Vous rendent perplexe
                                                               Demain, câline Alex
                                                               Pleurez sur un Kleenex

vendredi 6 octobre 2017

LIKE


Aujourd'hui, j'ai envie d'aimer tout le monde : les gros, les petits, les poilus, ceux qui pètent dans l'ascenseur. Ceux qui parlent pour ne rien dire à ceux qui ne disent rien quand ils parlent. Les golfeurs, les gaffeurs, les surfeurs, les sniffeurs, les hommes politiques qui trimbalent des valises de billets, les enculeurs de coccinelles. Les batteurs manchots, les bassistes culs-de-jatte, les chanteurs asthmatiques et les cantatrices chauves. Les buveurs d'eau, les mangeurs de crottes de nez, les vomisseurs de pizzas. Ceux qui ont des carottes dans les cheveux, les Flamandes, les marins qui se mouchent dans les étoiles. Ceux qui ont toujours oublié de peser leurs légumes, arrivés à la caisse, ceux qui passent devant tout le monde à la boulangerie, ceux qui sont sur Facebook, les accros du portable, les drogués de la télé-réalité, ceux qui flatulent plus haut que leur rectum... et même ceux qui écoutent du jazz !

mercredi 4 octobre 2017

LE ROI


Et un et deux et trois
    Ils étaient trois petits rois
        Partis faire la guerre de Troie
            Chevauchant leurs palefrois

                    Le premier était hongrois
                        Le deuxième de l'Île de Groix
                            L'autre de la ville de Troyes
                                Chacun plein de sang-froid

                                      Arrivés dans Charleroi
                                          Ils montèrent au beffroi
                                              La vue les remplit tant d'effroi
                                                  Qu'ils firent le signe de croix

                                                           La ville était en proie
                                                               Au plus sombre désarroi
                                                                   Pas un mur, pas une paroi
                                                                       Ne se tenaient droits

                                                                                Un méchant vent de noroît
                                                                                    Leur porte un coup de froid
                                                                                        Qui sitôt les foudroie
                                                                                            Les laissant morts à l'endroit

                                                                                                   Il n'y aura pas de guerre de Troie
                                                                                                       Tous les soldats sans rois
                                                                                                           Sont partis, je crois
                                                                                                               Retrouver leurs... REINES

lundi 2 octobre 2017

LA REINE


Ô ma reine, Ô ma souveraine
    Tu es ma gangrène
         Mon obscure migraine
            À tes pieds, je me traine

                    Pour toi je partirai de Rennes
                        En traineau à rennes
                            J'irai jusqu'en Ukraine
                                En passant par la Lorraine

                                        Je descendrai dans l'arène
                                            Avec l'âme sereine
                                                Combattre les sirènes
                                                    Et les noires murènes

                                                            Plus rien ne me freine
                                                                Je deviens schizophrène
                                                                    La folie contemporaine
                                                                        C'est sûr, je finirai à Fresnes

                                                                              Tu veux que je te prenne
                                                                                  Que je plante ma petite graine
                                                                                      Tu veux que je bourre la reine
                                                                                          Pour faire de moi ton... ROI DE CŒUR