jeudi 28 décembre 2017

PETITE SŒUR


Petite sœur, petite sœur.

Tu te souviens comme on chantait quand on était enfant ? Tu étais Sheila, j'étais Claude François. Et tu te rappelles de nos petits "arrangements" scolaires ? Tu rédigeais mes rédactions, je faisais tes devoirs de techno. Et notre projet de créer une agence de détectives, dotée des instruments les plus modernes de Pif Gadget, tu t'en souviens ? 
On voulait aussi aller jouer au casino de Monaco. Finalement, j'y suis allé tout seul.

Pourquoi je suis parti ? Tu le sais bien, je te l'ai expliqué cent fois : l'océan avait besoin de moi. Tu n'as jamais aimé l'océan. Pourquoi tu es restée ? Tu me l'as dit mille fois : ailleurs te faisait peur. Je n'ai jamais aimé ici.

Petite sœur, petite sœur.

Combien de fois j'ai rêvé que tu venais en vacances chez moi, avec ton mari et tes trois enfants. Oui, tu voulais un mari et trois enfants. Tu voulais aussi des chiens, des chats, des poules et des lapins. J'ai eu des lapins que tu aurais sûrement aimés. Et j'aurais tellement aimé te montrer comment on attrape les étrilles à marée basse.

Petite sœur, petite sœur.

Ce fameux jour, on devait se retrouver au buffet de la gare de Metz. Pourquoi j'ai su dès le départ que tu ne serais pas au rendez-vous ? Pourquoi je n'ai rien fait pour te persuader ? Et pourquoi je n'ai jamais cru à ce "stupide" accident de la route. Tu étais toujours si prudente au volant.

Petite sœur, petite sœur.

Tu étais si timide. Fragile, effacée, blanche, évanescente... si transparente que je me demande si tu as jamais vraiment existé.

Petite sœur, petite sœur..

mardi 26 décembre 2017

ZÈBRE


On sait désormais pourquoi les zèbres sont rayés !

C'est l'hebdomadaire Le Point qui révèle qu'une équipe de chercheurs hongrois et suédois vient de lever un coin du voile. Certes, je mesure l'importance que revêt cette information capitale pour l'avenir de l'humanité, mais je me demande encore comment une idée aussi saugrenue a bien pu germer dans le cerveau de gars qui doivent avoir au moins bac plus 25.

Imaginons : un savant qui se lève le matin avec cette idée en tête. Il téléphone à ses potes savants en leur disant : « Yoh ! Les copains, je me lance dans des recherches pour savoir pourquoi les zèbres sont rayés ».

— Cool, Raymond, mais c'est quand même dommage parce que tu étais bien avancé dans tes
     travaux pour trouver un vaccin contre le sida !
— Bof ! Moi, le sida ça m'a toujours fait chier. Maintenant, je vais pouvoir m'éclater grave au cul
     des zèbres !

À moins que le sujet des recherches ne soit tiré au sort entre tous les chercheurs :

— Pouf ! Pouf ! Ça - se - ra - toi - qui - cher - chera - pourquoi - les - zèbres - ont - des - rayures !
— Merde ! Fait chier, les gars, j'étais pas loin de découvrir une nouvelle énergie pour remplacer
     le nucléaire.
— Désolé, Jean-Pierre, c'est toi qui t'y colle, c'est toi qui t'y colle !

Ou alors, ça arrive à la fin d'une soirée bien arrosée :

— Beuhrrr ! 'coutez-moi, les co… les co-copains, j'va… je va chéché… cherché pourquoâââ
     qu'les zèb… les zèbreuh y z'ont des traits noirs et pis… et pis des traits… pas noirs aussi !
     Wouaih ! J'vais fair… faire ça… rien à fouttt !!!
— Tu déconne, Gérard, t'étais sur le point de prouver l'existence d'autres êtres vivants dans la
     galaxie.
— Beuâââhrrr ! J'me troche… j'me torche le cul 'vec les Mar… les Martiens… tiens !

Et si vous voulez vraiment savoir pourquoi les zèbres sont rayés, achetez Le Point !

vendredi 22 décembre 2017

TATTOO


                                                             Des tattoos, toujours des tattoos
                                                             Des tattoos tout partout
                                                             Des tatouages à tout âge

                                                             Sur un pied, deux grues
                                                             L'autre pied, des stalles
                                                             Des joujoux, des bijoux, sur la joue
                                                             Dans le cou, des cailloux, des z'hiboux
                                                             Sur les genoux, des choux, des poux
                                                             Des fleurs d'oseille, dans les oreilles
                                                             De la farine, sous les narines
                                                             Sur un mollet, des œufs mollets
                                                             Sur l'aut' mollet, la mimolette
                                                             Sur le nombril, poisson d'avril
                                                             Sous les aisselles, l'essaim d'abeilles
                                                             Sur les orteils, les seins de la belle
                                                             Sur le menton, y'a l'téléphon qui son
                                                             Et y'a jamais person, sur les tétons
                                                             Qui y répond, sur le front

                                                             À poil devant ma glace 
                                                             J'ai l'impression de lire
                                                             Le catalogue de La Redoute !

lundi 18 décembre 2017

MISS MARY


Après un concert épique de presque deux heures, Mary revient sur scène pour saluer son public. Un public exigeant, généreux, enthousiaste, qui ne l'a jamais lâchée.

Elle s'empare de sa légendaire Fender T-Bucket bleue et balance l'intro de son plus gros tube : On the Road Tonight.  Une chanson qu'elle a écrite en 10 minutes sur un coin de table.  C'était !…  C'était ?… Oui, c'était en 1978, lors de la tournée européenne en première partie d'Alice Cooper. Les musicos l'avaient d'ailleurs vannée en disant que ça ne marcherait jamais. Fuck you ! Le single s'est arraché à plus de 4 millions d'exemplaires. Alors, les gars, on la ramène moins ?!?

Elle égrène les accords de l'intro avec aisance. Le public s'égosille : « The show is over… to- niiiiiight… Don't be so sad… ba- byyy ! ». Elle reprend la main : « It's time to say… good- byyye… And see you soon… ba- byyy ! ». C'est l'instant qu'attendait Keith Michards, le vieux grognard qui la suit depuis 40 ans, pour plaquer un solo dont il a le secret. La foule est aux anges, 50.000 gorges chauffées à blanc libèrent un « On the road… tooo- niiiiiight ! » qui s'envole tout droit dans le ciel étoilé de Saint-Denis. Le final est dantesque, le son des guitares déchire la nuit avant de s'évaporer dans des volutes d'arpèges cristallins.

Mary aura le dernier mot : « The show is over… tonight… It's time to say… goodbye… On the road… tonight… tooooo- night  ! »

Le tour-bus est déjà en bout de piste. Une douche, une bière et demain… Toulouse !

mercredi 13 décembre 2017

18 ANS


J'ai encore du mal à me remémorer mon 18è anniversaire. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je me suis réveillé le lendemain matin au milieu d'un champ, dans une voiture avec ma prof de dessin.

Je me rappelle aussi que mon copain Claude avait mis la maison de son père à ma disposition. Nous étions une bonne quarantaine de soiffards, dont mademoiselle Wirtz (prof de dessin), réunis sous les mirabelliers en fleur.

Dire que l'alcool a coulé à flot est un doux euphémisme, disons plutôt que nous avons surfé sur un océan à 40° ! Parallèlement, le taux de décibels délivrés par la chaîne hifi devait friser celui d'un Breguet Atlantic en phase de décollage. Or, il semblerait que ces nuisances festives aient fortement irrité le voisinage, qui s'est senti obligé d'envoyer la maréchaussée à nos trousses. 

Aux premières lueurs des gyrophares, nous n'avons écouté que notre courage : nous avons fui !

Tel un envol d'étourneaux à l'approche de l'épervier, la meute avinée s'est dispersée. Qui filant à travers champs, qui remontant la rue principale du village, qui se cachant bêtement dans la serre potagère au fond du jardin.

Pour ma part, je ne sais toujours pas comment j'ai bien pu me retrouver dans la Renault 12 TS de mademoiselle Wirtz filant à toute allure dans la nuit.

Le jour d'après, 6 heures du matin, je me réveille avec un troupeau de percherons faisant des claquettes dans ma caboche. Analyse rapide de la situation : je suis dans la voiture de ma prof de dessin, elle ronfle sur la banquette arrière, je me les caille sévère et j'ai envie de vomir… pour le reste, c'est le grand vide intersidéral !

lundi 11 décembre 2017

SERPENT


Le destin est parfois fort taquin !

Rappelez-vous le début de l'histoire : un mec, une nana — chabadabada, chabadabada — à poil dans un jardin ! Ils ont le droit de faire tout ce qu'ils veulent… sauf becqueter une foutue pomme accrochée à un arbre. Sinon, tout le reste, ils peuvent : se lever à midi, se bâfrer de pizzas, se biturer au beaujolais nouveau, jouer au flipper, se trimballer la zigounette à l'air… franchement, la belle vie, quoi !

C'était trop bien pour durer. V'là t'y pas qu'un beau matin, la nénette se prélassait sous le pommier… toujours à poil, j'te rappelle. En levant les yeux, elle vit un boa constrictor (ou une vipère, ou une couleuvre, en fait, le compte-rendu n'est pas très explicite sur ce détail) qui lui tint à peu près ce langage :

— Ouèche, ouèche, la meuf, zi'va, fais pas ta zarbi, sur la têt' de ma mère, j'te r'file ma golden ! Qu'on pourrait traduire par « Oyez ! Gente dame, ne soyez point si hautaine et acceptez derechef que je vous offre un fruit doré tout droit venu de la pommeraie prospère de ma chère maman. »

À ces mots, la greluche ne se sent plus pisser, et pour montrer qu'elle n'est pas creuse du ciboulot, elle ouvre un large clapet et boulotte illico presto le fruit défendu, inventant par la même le péché originel dont on nous rebat les oreilles encore aujourd'hui.

Résultat des courses : grosse colère du Grand Barbu qui colla, séance tenante, un gage à toutes les gonzesses du monde : vaisselle, ménage, enfantement dans la douleur, incapacité à conduire correctement un véhicule motorisé et les seins qui tombent après la quarantaine… la galère, mémère ! 
Le pire, et il serait bon ne pas l'oublier, c'est que désormais le serpent devenait un animal anxiogène. Alors qu'au départ son geste était plein de bienveillance, le voilà maintenant classé parmi les bestioles qui collent les miquettes dès qu'on les croise… vraiment pôôô juste !

Et je ne peux pas m'empêcher d'imaginer quel aurait été le sort du monde si, en lieu et place d'un vilain reptile, c'eût été un gentil petit écureuil qui soudoya la belle.

samedi 9 décembre 2017

REQUIEM POUR UN FOU


Donne-moi ton corps
Pour y vivre et pour y mourir
Aime-moi plus fort
Empêche-moi de me détruire

mercredi 6 décembre 2017

LED ZEP


Comment vous dites : Laide Zépline ? Et vous écrivez ça comme Lénine ou Staline… alors, c'est un orchestre russe ?

Quoi, anglais ? Ohhh ! Moi je me méfie des Anglais ! Déjà, ils ne roulent pas du bon côté de la route… c'est louche, non ? Et puis, ils font cuire des bœufs dans du sirop avec de la menthe et ils sont tous un peu, mmhhh… joyeux… gay, comme ils disent là-bas. Des gens bizarres, quoi ! En plus, il pleut tout le temps en Anglaisie !

Et puis vous avez vu le chanteur avec ses cheveux de fille et sa chemise débraillée. S'il attrape une pneumonie, faudra pas qu'il vienne se plaindre. Enfin, moi, ce que j'en dis ! Et quand je dis chanteur, c'est pour ne pas dire de gros mots. Vous voyez ce que je veux dire ! Celui-là, il doit être très, très joyeux ! Je ne vous fais pas un dessin ! 
Et celui qui joue du tambour, vous avez vu sa dégaine ? Ne dirait-on pas un ours qui sort de sa caverne ? Et mal rasé avec ça. M'étonnerait pas qu'il ait des poux, c't'homme-là ! Même le pianiste a les cheveux longs. D'habitude, les pianistes sont des gens sérieux. Enfin, les pianistes anglais, je ne sais pas !

Vous voulez que je vous dise : avec tout le tintamarre qu'ils font avec leur musique de sauvage, ces gens-là ne sont pas près de vendre des disques… c'est moi qui vous le dis !

lundi 4 décembre 2017

THE WHO


                                               Rendez-vous dans un wagon avec les Who !
                                               Où vont les Who ? Que veulent les Who ?
                                               Quatre garçons dans le vent, les Who ? Non !
                                               Des veaux, les Who, non plus !
                                               Ou alors des veaux d'or, les Who !
                                               Comme dit Léo : « les Who, parce que je le vaux bien ! »
                                               Et il est où Léo ? Loin des Who, Léo !
                                               Les Who à vélo.
                                               Les Who vont vite.
                                               Les Who  devant. 
                                               Les Who de Hurlevent !
                                               Des tours de roue pour les Who.
                                               De vins doux pour les divins Who.
                                               Je veux voir les Who. 
                                               As-tu vu les Who ?
                                               Et où t'as vu les Who, toi ?
                                               Les Who dans le Who's Who.
                                               Les Qui dans le Qui Est Qui !
                                               Oui, mais quid des Who ?

vendredi 1 décembre 2017

TÉTON


J'ai sillonné les océans, j'ai traversé des continents, j'ai parfois risqué ma vie. J'ai pris d'innombrables mesures, établi des relevés topographiques précis, collecté de précieux témoignages. J'ai également rencontré des experts de renommée mondiale et consulté des documents ultra secrets.

Après des années de recherche, d'observation, d'investigation, je suis arrivé à une conclusion imparable et définitive. J'ai beau faire et refaire mes calculs, les comparer avec les études déjà publiées par les savants les plus réputés, tout me ramène à ce résultat : le corps de la femme ne présente aucun angle saillant. Tout est lisse, rond, gracieux, harmonieux.

Toutefois, mon esprit cartésien ne se satisfait pas et j'ai fini par déceler une parcelle féminine mettant en défaut la si brillante théorie. Ce petit bout de femme se situe très exactement au sommet de ses seins, entouré d'une auréole dont la couleur varie entre caramel et chocolat. En temps normal, il se présente sous une forme hémisphérique d'un centimètre à un centimètre et demi de diamètre. Son toucher est doux et moelleux, mais une excitation manuelle ou buccale suffit à le raffermir durablement.

Je n'irai pas jusqu'à prétendre que ce délicat bouton érectile pourrait briser la coquille d'un œuf… mais mon cœur d'artichaut sûrement !