lundi 12 mars 2018

GOÉLAND


          Vous me voyez ?
          Levez les yeux.
          Le petit point gris dans le ciel, là, c'est moi.
          Je pars en Amérique.

— Une heure plus tôt —

« Sans chercher à mettre en doute votre intégrité mentale, il me semble que vous n'appartenez à aucune espèce de volatiles connue sur cette planète. Or, si vous persistez dans ce projet saugrenu de prendre votre essor du haut de cette falaise, vous risquez fort de vous écraser comme une fiente sur cette plage de galets blancs située à environ 80 mètres sous vos jolis escarpins. »

          Celui  qui  me  parle  ainsi est un larus argentatus, vulgairement appelé goéland argenté. Posé
          sur mon épaule, il me fixe d'un œil inquisiteur.

« Si un voyage transatlantique par la voie des airs n'était pas le but primordial de cette envolée, auriez-vous alors, mademoiselle, l'amabilité de m'en révéler la finalité ? À moins que l'objectif recherché dans cette posture ne soit pas le vol en lui-même, mais plutôt la chute… auquel cas, il s'agirait, ni plus ni moins, que d'une tentative de suicide. »

          Mamma mia ! Qu'est-ce que j'ai bien pu fumer qui me donne ainsi le pouvoir  de  comprendre
          le langage des goélands ?

« Je devine une méchante mélancolie vous ronger l'âme, et il m'insupporte qu'une si charmante jeune femme en vienne à élaborer un aussi macabre projet. Comme dit le poète-chanteur : "Un chagrin d'amour ne dure pas jusqu'à la fin des jours, il ne dure que jusqu'au prochain amour". Ici et maintenant, je vous offre le mien. Mon amour de volatile palmipède. Mon amour argenté comme la surface de l'océan. Un baiser, je ne demande qu'un baiser… et un doux mot de vous pour vous emmener à l'autre bout du monde. »

jeudi 1 mars 2018

DIX


                                                             — T'as dis 10 ?
                                                             — J'ai dis 10 !
                                                             — Dis, t'as dis 10 ?
                                                             — Je te dis que j'ai dis 10 !
                                                             — Si t'as dis 10, alors je dis 10.
                                                             — Ben, dis 10, alors.
                                                             — Ben ouaih, j'le dis : DIX !
                                                             — Fin de la discussion… disparais !