vendredi 28 avril 2017

P4


Vous le savez, dans les colonnes de Les Cris Restent, aucun sujet n'est tabou. Abordons donc sans complexe un problème grave : la drogue.

Dans les années 70, sévissait une drogue effroyable… et pourtant légale, en vente libre dans tous les bureaux de tabac de l'Hexagone : la fameuse P4 ou Parisienne. Pourquoi P4, me direz-vous ? Simplement parce que cette cigarette était vendue dans de petits paquets bleus de 4 unités, pour 20 centimes (à peu près 3 centimes d'euros !). Quand je dis "effroyable", le mot est faible : on avait l'impression d'inhaler les effluves d'un cadavre en décomposition et quand la fumée arrivait dans les poumons, c'était  Fukushima puissance 10 !

C'était effroyable, oui, mais qu'est-ce qu'on aimait ça ! On n'avait pas encore de poils au kiki, mais on se prenait déjà pour des hommes et à la sortie de l'école, on faisait les fiers-à-bras devant les filles. Et fallait pas trop nous chercher, sinon c'était ouverture automatique de la boîte à marrons !

En grandissant, on est passé à la Gauloise Caporal. Paquet bleu aussi, même odeur de putréfaction et même cataclysme pulmonaire… mais là on commençait à avoir quelques poils !

mercredi 26 avril 2017

CMJN


Courte histoire cyan

La lumière de rue reflète 15 % d’un bleu cobalt violent. Elle reflète sur le blanc du parc ainsi que sur les branches de l’arbre du milieu. Un reflet, tout ce qu’il y a de plus glauque. Une lumière crue. Le bleu avec le blanc s’escamote afin de devenir cette aura fantomatique camouflant le bruit des chars qui roulent. Des cercueils. Et ce maudit frette qui fait des trous dans l’hiver.
[ Mylène Gauthier ]
Courte histoire magenta

La lumière de rue reflète 15 % d’une couleur sale. Elle reflète sur le banc du parc ainsi que sur les poignets de la jeune femme allongée. Un reflet, tout ce qu’il y a de plus sombre. Une lumière sans sourire. Je n'ai plus de vermillon pour peindre le sang qui coule. Il sera donc magenta comme les larmes de l'enfant qui a froid sous la neige. L'incarnat avec le blanc s’escamote afin de devenir cette rivière tiède qui souille les trottoirs. Y’a ce silence qui fait des trous dans le cœur.
[ Keith Michards ]

Courte histoire jaune

La lumière de rue reflète 15 % d’un jaune citron sage. Elle reflète sur le banc du parc ainsi que sur les branches de l’arbre de gauche. Un reflet, tout ce qu’il y a de plus simple. Une lumière sans chichi. Le jaune avec le blanc s’escamote afin de devenir cette aura de douceur lactée camouflant le bruit des chars qui roulent dans la mouille. Y’a cette chaleur qui fait des trous dans l’hiver.
[ Mylène Gauthier ]

Courte histoire noire

La lumière de rue reflète 15 % d’une couleur immaculée. Elle reflète sur le banc du parc ainsi que sur la jeune fille qui lit. Un reflet, tout ce qu’il y a de plus éblouissant. Une lumière féérique. Un brin de vent coquin soulève sa jupe claire et dévoile ses longues jambes d'ébène. Elle sourit. Ses dents blanches sont comme des feux au milieu de l'océan. Le garçon qui passe tombe amoureux. Le noir et le blanc se mélangent pour dessiner un enfant arc-en-ciel. Y’a ce silence qui met des feux d'artifice au fond des draps.
[ Keith Michards ]

lundi 24 avril 2017

ORIGINES


Putain ! Mais à quel moment ça a merdé ? 

Au commencement, Dieu créa un gigantesque pays cerné d'océans poissonneux. Il gorgea les sols de pétrole, de minerais et de pierres précieuses. Il fit pousser des forêts luxuriantes et riches d'une faune bigarrée. Il creusa de longs fleuves aux rives sereines. Enfin, il engendra des populations robustes, fières et fécondes.  

Quelques millénaires plus tard, on retrouva ces mêmes personnes chantant leur misère dans les champs de coton du bout du monde. 

Alors, je vous le demande : à quel moment ça a merdé ?

samedi 22 avril 2017

LUCCHINI


Quand on lui demande ce qu'il regarde à la télé, c'est avec une pointe de malice que Fabrice Lucchini répond :

« Les Marseillais sur W9, qui me posent une immense interrogation métaphysique. Dans une villa, des nanas en short avec des seins comme des obus et des gars tatoués, très beaux, qui se ressemblent, ont des problèmes que je n'ai pas encore compris : coucher ou pas coucher ? C'est une immense révélation sociologique, bien plus grande que ce que racontent toutes les émissions de France Culture réunies ! »

vendredi 14 avril 2017

VOYAGE, VOYAGE


À corps perdu, à cœur éperdu
Le capitaine de la croisière rose
A rendez-vous en corps inconnu
Un voyage aux longues courbes
Je n'irai pas par quatre parchemins
Il n'y aura pas 50 nuances d'écrits
Faisons le pont, dis chérie
Demain, je te prends par la main
Je te prends par les sentiments
Pour la traversée de ton désert
Un baiser plus chaud que l'enfer
Mourir pour désirer, d'accord
Mais de mort brûlante
Le gâteau sur la cerise sera
De perdre pieds et poings liés
Dans ton ardent buisson
Pratiquer des langues étrangères
Dans ta forêt de Sherwood
Et boire à tue-tête l'élixir
Du démon de Vénus

mercredi 12 avril 2017

HEAVY METAL


— Dis, pépé, tu nous racontes comment c'est le heavy metal !

Le heavy metal ? Aaah, mes petits ! Vous ne pouvez pas imaginer comme c'est bon !

— Oui mais, bon comment, pépé ?

Bon comme quand tu es avec une fille qui a les yeux qui brillent.

— Mmmh ! C'est pas très clair !

Alors, bon comme quand tu bois un petit verre de rosé bien frais, en plein été, à l'ombre d'un 
     figuier en fleur !

— Ça ne nous parle pas plus !

Bon comme le vent qui vient de l'océan, comme la rosée du matin, comme le parfum de l'herbe
    coupée, comme un chat qui ronronne, comme un arc-en-ciel, comme du sable entre les doigts
    de pied, comme une pizza aux fruits de mer…

— Pfff ! C'est bien des propos de vieux romantique poussiéreux !

Eh bien, les p'tits gars, écoutez N.I.B. de Black Sabbath. Vous comprendrez comment c'est
    bon, le heavy metal !


lundi 10 avril 2017

SIRÈNE


Mes chers amis, vous êtes bien les seuls à qui je peux me confier sans passer pour un doux rêveur, voire un dangereux schizophrène :  J'AI UNE SIRÈNE DANS MA BAIGNOIRE !

Je vous jure, c'est pas des bobards, une sirène tout ce qu'il y a de plus normale : 1,60 mètre du menton jusqu'au bout de la nageoire caudale. Des cheveux corail, des yeux gris perle et des lèvres de nacre. Et pas difficile avec ça, elle vit de plancton et d'eau fraîche… c'est ma sirène à moi !

Les océans étant de  plus  en  plus  pollués,  la  demoiselle-poisson  m'a  demandé  l'asile  politique. ♪♫ Ses grands yeux langoureux m'ensorcellent, son doux chant émouvant m'appelle ♫♪. J'ai accepté de la prendre sous mon aile. 

Quand j'ai annoncé la nouvelle à ma famille, ils ont tous cru que j'avais chopé le chikungunya ou je ne sais quelle autre maladie tropicale, et m'ont fait interner dans un hôpital pour les dingos.

Mais je me suis barré vite fait et c'est à vous que je viens raconter mon histoire. Vous savez quoi ? 

J'AI UNE SIRÈNE DANS MA BAIGNOIRE !

vendredi 7 avril 2017

VIKTOR


— Elle est belle et elle a du talent.
Véronique  Sanson ?
— Non !

— Elle surfe entre pop et jazz
Maurane ?
— Encore non !

— Elle a chanté sur toutes les scènes du monde
Mireille  Mathieu ?
— J'ai dit : ELLE EST BELLE !

— Elle chante aussi bien en français qu'en anglais
Céline  Dion ?
— Rrrrrrh ! Dégage !

Une peau caramel, des yeux corbeau, une silhouette de déesse et une voix de miel… comment ne pas tomber sous le charme de Viktor Lazlo !

jeudi 6 avril 2017

ATHÉE


En   vérité,  je   vous  le  dis   :   au  commencement,  les dieux,  c'étaient  des  mecs  plutôt   cools  ! « Aimez-vous les uns les autres », c'est eux qui l'ont inventé, et « Tu ne tueras point » aussi. Ouaih, franchement, des chics types !

Mais ça, c'était avant…

Avant que des crétins décérébrés ne s'emparent de ces doctrines pacifistes pour les cuisiner à leur sauce. Sauce piquante toujours, assaisonnée de haine, de jalousie, de frustration et de rancœur éternelles. Des ecclésiastes si obtus qu'ils donneraient leur chemise à un chien galeux plutôt qu'à un enfant rouquin. Des gorets qui préfèrent se faire péter au milieu d'une foule sentimentale plutôt que de donner un peu d'eau à un mendiant. Des ordures qui rejettent leur infamie sur leurs propres sœurs. Des pervers en soutane qui manient aussi bien leur chibre à la récréation que le goupillon durant les vêpres.

Prêcheurs de tous bords, je vous conchie, je vous maudis de toute la force de ma haine insondable. Dieu reconnaîtra les siens et je vous jure que vous ne serez pas du lot.