mercredi 27 septembre 2017

CAUCHEMAR


J'ai fait un putain de cauchemar : sous la pression de puissants lobbies puritains, l'écoute du heavy metal était prohibée. Quiconque dérogeait à la loi était arrêté sans ménagement et traduit devant la Haute Cour de Justice des Culs Serrés.

En absolue maîtresse de guerre, Christine Boutin menait la chasse aux contrevenants. Sanglée dans une combinaison de cuir pur porc, elle faisait régner la terreur jusqu'au plus profond des tanières où nous avions l'habitude de nous réunir entre amis, pour claquer quelques flasques de Jack Daniel's, tout en écoutant de bons vieux riffs maousse costauds.

Comme une brêle, je me suis fait choper au sortir du bois. Sans ménagement, je fus ligoté et traîné par les cheveux jusqu'en place public où un tribunal de bourgeois pudibonds me condamna à la peine suprême : écouter la discographie complète de Mariah Carey durant une semaine entière… mon cœur n'y résisterait pas !

Alors que déjà le bourreau branchait la sono, Angus Young fendit les ténèbres et, du haut d'une muraille de Marshall à lampes, il foudroya la foule ascétique d'un riff de mammouth.

lundi 25 septembre 2017

INCH ALLAH


Franchement, ça fait même pas mal ! Disons qu'au début, ça picote un peu, mais le temps que la douleur monte au cerveau, il a été déchiqueté par des éclats de métal.

Mon score : 19 morts et 52 blessés ! J'ai pulvérisé le record de mon copain Mahmoud !

Arrivé au paradis, je suis accueilli par Allah himself. Il est très différent de ce qu'on imagine. Plutôt rondouillard, chauve avec de petites lunettes en écaille et un costard Armani… les affaires ont l'air de plutôt bien marcher en ce moment, inch Allah !

— Je suis fier de toi, dit-il en tirant sur un havane Montecristo Edmundo, tu as sacrifié ta vie au
     nom de l'Islam, inch mézigue !
— Tout le plaisir est pour moi, inch toi !
— Par contre, on va avoir un petit problème de logistique concernant les 72 vierges attribuées aux
     martyres. Ces derniers temps, vous avez été si nombreux à vous faire péter la tronche, que le
     stock a fondu comme la cote de popularité de François Hollande après 3 mois à l'Élysée. Il me
     reste bien quelques biquettes en réserve et on attend une livraison de chez Dorcel Store.

Me voilà donc, pour l'éternité, à la tête d'un cheptel de chèvres et de poupées gonflables… si c'est pas l'arnaque du siècle, ça y ressemble quand même pas mal ! Inch motherfucker !

vendredi 22 septembre 2017

SUR LES QUAIS


— Vous êtes fatigués ?

— ON N'EST PAS FATIGUÉS !

Si vous avez encore la pêche, la banane, la patate, je vous propose une balade le long des quais brumeux d'un port malfamé. Le cri des goélands nous accompagnera tout au long de ce périple aux senteurs océanes. À la sortie des bars, nous rencontrerons des cortèges houleux de marins généreusement imbibés, cheminant à grand-peine sur le pavé luisant de bruine. Au détour d'une ruelle sombre, nous croiserons sans doute quelques jolies demoiselles fort avenantes qui nous offriront un peu de chaleur au creux de leurs cuisses.

Rangez vos bonnes manières et vos préjugés poussiéreux, mettez un mouchoir sur votre dignité… ici, pas de nom, pas de grade et surtout pas de religion. Celui qui gagne n'est pas toujours le plus baraqué, mais celui qui tient debout après d'imposantes libations. Celui qui dormira près de la pulpeuse Jocelyne n'est pas forcément le plus beau, ni le plus propre, mais celui qui la fera danser jusqu'à l'aube.

La nuit risque d'être longue… alors, vous êtes fatigués ?

mercredi 20 septembre 2017

ANIMALE


                                         On  dirait  une  femme,  mais  c'est  un  animal
                                         Je  le  sens,  je  le  sais,  elle  pourrait  mourir  pour  moi

                                         Elle  allume  des  brasiers  quand  le  froid  m'étreint
                                         Elle  se  couche  à  mes  pieds  quand  mon  cœur  se noie
                                         Elle  lèche  mes  plaies  quand  mon  corps  s'abîme
                                         Elle  tient  mon  visage  dans  ses  mains  quand  il  pleure
                                         Elle  embrasse  mes  yeux  quand  le  soleil  s'endort
                                         Elle  boit  l'écume  à  ma  bouche  enragée
                                         Elle  solderait  son  âme  pour  sauver  la  mienne
                                         Elle  vendrait  son  corps  pour  racheter  le  mien

                                         Je  le  crois, je  le  crains,  elle  pourrait  tuer  pour  moi
                                         On  dirait  une  femme,  mais  c'est  un  animal

lundi 18 septembre 2017

FRANCKY


J'ai entendu dire que Franck Ribéry envisageait d'adopter la nationalité allemande. Il explique sa décision par le désamour que lui porte son pays d'origine, la France.

C'est vrai que le petit Francky de Boulogne s'en prend régulièrement plein la gueule dans les médias qui lui reprochent son caractère abrupt et une syntaxe rudimentaire. Beaucoup lui collent même sur le dos la débâcle sud-africaine de 2010. Certes, le gaillard a les épaules larges mais le costard me semble bien ample !

Franck, toi qui ne liras jamais cette chronique, je te dédie ces quelques mots. Parce que moi je t'aime bien, mon petit Francky !

Bien sûr, j'aime le joueur, et j'aime aussi le bonhomme à la gueule cabossée. Un gars sorti du rang, qui a gravi les échelons un à un, à force de travail et d'abnégation. Et je me fous de savoir s'il maîtrise ou pas le subjonctif du plus-qu'imparfait de l'indicatif de mes couilles. Francky, il est cash, il parle avec son cœur et ses tripes. Et là où il s'exprime le mieux, c'est sur la pelouse, un ballon entre les pattes.

Franck Ribéry est un peu comme l'albatros de Baudelaire, survolant avec majesté les océans de verdure, ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

vendredi 15 septembre 2017

L'AMIE BIDASSE


                                               J'aime les femmes en général… en générales aussi
                                               Oui, j'aime les femmes galonnées en costume
                                               Et talonnées, perchées, du haut de leurs stilettos
                                               J'aime les femmes bien faites… les préfètes aussi
                                               Je préfère les préfètes bien faites en talons aiguilles
                                               Les aiguilleuses du ciel et les cosmonautes aussi
                                               Nues dans leur combinaison de survie aérienne
                                               Pris en flag par une jolie fliquette rousse
                                               Me voici menotté, fouetté par ma geôlière
                                               J'avoue, je vous veux, c'est mon vœu le plus cher
                                               Je vous veux, ma chère, attachée dans mes rêves
                                               Galonnée en stilettos cloutés au bord des routes

vendredi 8 septembre 2017

JE SUIS MORT


L'avantage, quand on connait la date de sa mort, c'est qu'on peut s'y préparer en toute sérénité. Moi, par exemple, je mourrai à 73 ans. Ça ne m'effraie pas particulièrement… même  si  je  sais  que  de légitimes angoisses naîtront à l'approche de la fatale échéance.

Pour  la  cérémonie  d'adieu,  je  ne  veux  pas  de  fleurs,  pas  de  discours et surtout pas de curés. Ah ! plutôt crever que d'imaginer un corbeau penché sur ma carcasse dont l'afflux sanguin vers les organes génitaux vient à peine de se tarir ! Ensuite, pas de chichis : un cercueil en bois de cageot ou un carton des déménageurs bretons pour y déposer la viande froide. Mettre au four, thermostat 12 pendant une heure et demie. Balancer ce qui reste à la mer. Pour dédramatiser un peu l'événement, je veux bien qu'on me fourre une gousse d'ail dans le cul !

J'accepte qu'on chipote sur certains détails techniques, mais il y a un domaine sur lequel je serai intransigeant : la musique qui m'accompagnera de l'autre côté du miroir. Et comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, j'ai préparé la liste des chansons qui tourneront durant le temps de la cuisson.

Je vous invite donc aujourd'hui à ce qu'on pourrait considérer comme une répétition de ma crémation. Pas la peine de mettre les beaux habits du dimanche, on fait ça entre potes, à la bonne franquette et après on va boire un coup. Comme ça, je saurai de mon vivant ce que vous avez pensé de mes funérailles.