mercredi 26 juin 2019

MÂT DE MISAINE


Me ferez-vous l'honneur, monsieur
De me laisser grimper à votre mât ?
Qu'il soit de misaine ou d'artimon
Pour moi, il sera de cocagne


Ainsi perchée, je pourrai voir monter
Votre désir, votre délire, votre extase
Et goûter l'écume de votre plaisir
Me ferez-vous cet honneur, monsieur ?

mercredi 19 juin 2019

LA FALAISE


« C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance… »

Ils se sont trouvés sur la falaise
Face à l'océan bienveillant
« Ils avaient le ciel à portée de main »
L'écume pour unique horizon
Ils se sont raconté leur vie cabossée
Un mari violent, des enfants égarés
Une épouse volage, un patron tyran
Sans se connaitre, main dans la main
Ils ont fait le dernier voyage

Ils vivent désormais leur amour platonique
Au fond de l'océan bienveillant
Les yeux mangés par les poissons

samedi 15 juin 2019

SAINT-BERNARD


Ah, le con ! Y s'est encore chié dessus ! Va encore falloir que je le dessape pour le coller sous la douche. Et monsieur va encore gueuler parce que je fais des trous dans ses fringues avec mes dents. Putain de boulet !

Deux mois qu'il s'est fait lourder par une grognasse blonde, et tous les soirs il continue de lui jouer la sérénade, et chaque fois il se fait remballer, et tous les matins il rapplique à la maison aussi chargé qu'un supertanker ! Et  je  le  retrouve  vautré  sur  le  paillasson, baignant  dans  son  vomi. Putain ! Faut vraiment avoir foi en l'humanité pour supporter ça.

Des fois, je me dis que je mériterais une médaille ! Des fois aussi, je me dis que je devrais le laisser crever sur le trottoir, mais il se ferait bouffer par tous les clébards du quartier, et ça me ferait quand même un peu mal au cœur. Parce que, finalement, je l'aime plutôt bien, ce mec-là. Il est venu me chercher quand j'étais en galère, il a soigné mes blessures, il m'a nourri, il m'a ouvert les portes de sa piaule… et même si c'est pas Versailles, c'est quand même chauffé l'hiver et plus confortable que sous les ponts !

Ah ! Si je pouvais, je lui dirais bien que les gonzesses c'est pas important. Tiens, moi quand je veux tirer un coup, je vais voir la petite bergère allemande qui habite au coin de la rue. Crac ! Crac ! Badaboum ! Dans les fourrés, vite fait, bien fait ! Après, on se revoit… ou pas ! On n'a pas d'obligations l'un envers l'autre.

Mais vous, les humains, comme si vous n'étiez pas déjà plus handicapés que nous côté sentiments, vous avez inventé la fidélité. Et que je me colle avec une nana, et que nous vieillirons ensemble, et que nous aurons des enfants, et que je t'aime plus qu'hier et moins que demain. Et comment ça se termine systématiquement ?… En eau de boudin !!!

Ah ! Ben tiens, en parlant de boudin, faut encore que je traîne mon poivrot de maître sous la douche… après, je vais me taper une sieste dans ma niche et rêver à la belle chihuahua de la jolie voisine !

mercredi 12 juin 2019

NINI


Disons-le tout net : tante Nini était un peu neuneu
Mais, Dieu, qu'elle était belle, tante Nini
Quand elle souriait de toutes ses dents
Quand elle souriait, on aurait dit un soleil
Un soleil ou un ange
Ou un petit oiseau tombé du nid, Nini
Elle était si belle, tante Nini
Qu'elle avait un amoureux
Ils étaient si beaux tous les deux
Quand ils se promenaient le long du canal

dimanche 9 juin 2019

EL TORO


Hey ! J'l'avais dit ou j'l'avais pas dit qu'y fallait pas me faire chier ? Ah, évidemment, s'y faut parler l'andalou pour se faire comprendre, on n'est pas sortis de l'arène !

En tout cas, dès que j'l'ai vu, l'aut' guignol avec son costard de fiotte, direct j'ai visé les couilles… enfin, les couilles, j'dirais plutôt des noyaux de cerise ! Et ouaih, ça fait le mariole avec son chiffon rouge, mais y'a rien dans le calbard ! Comment il a couiné quand j'lui ai fourré bien profond dans le fion… y gueulait sa mère comme un goret qu'on étripe ! Et après que je lui ai bien déchiqueté l'anus, j'lui ai chié sur la gueule ! Pour une fois qu'on peut s'marrer, on va pas s'géner !!!

Oh, putain ! Ses copains étaient vénères, y z'ont commencé à me piquer le cul avec leurs aiguilles à tricoter. Ceux-là aussi, j'les ai fait valser. Et un, et deux, et trois zéro pour bibi ! Madre de Dios ! C'était pas beau à voir, y'avait de la barbaque éclatée partout sur la rambarde, ça sentait la merde comme c'est pas possible… j'ai failli vomir ! Heureusement, j'ai un peu de savoir-vivre, j'me suis retenu ! Le caca, ça va, mais le vomi, le public aime pas ça ! J'ai bien vu quelques chaudasses virer de l'œil. Hey ! Les filles, faut pas venir à la corrida si vous aimez pas le sang. Enfin, quand c'est celui du taureau, ça va, ça passe, mais si c'est celui du toréro, oh la la ! tout de suite, c'est pipi dans la culotte !

Rhâââ, les salauds ! Ils ont appelé du renfort ! Ça déboule de partout, vont pas me lâcher, ces cons ! J'crois bien que je sortirai pas vivant de c'trou à rat. Mais avant de crever, je vais encore en éclater quelques-uns et quand je serai vraiment trop esquinté par ce combat, j'irai me coucher au milieu de l'arène. Alors je poserai ma tête sur le sable et je fredonnerai cette chanson que j'aime tant :

« Si, si hombre, hombre
Baila, baila
Hay que bailar de nuevo
Y mataremos otros
Otras vidas, y otros toros
Y mataremos otros
Venga, venga a bailar
Y mataremos otros »

dimanche 2 juin 2019

J'OINS TON JOINT


Faut être sacrément balèze
Pour écrire un poème sur le mois de juin
Pass'que franchement, "juin" ça rime à rien !
À part avec "j'oins" du verbe "oindre"
Ou avec "joint"… de culasse
Ah ! Culasse, voilà un mot qui rime bien
Du coup, on pourrait dire : « J'oins ton joint »
Genre je te beurre la rondelle
En terme de poésie, on a déjà fait mieux !
On peut aussi taper dans les rimes moins riches
Les canards font coin ! coin !
Le bébé fait ouin ! ouin !
Je te beurre la rondelle dans le foin !
Mouaif !…

Finalement, pour écrire un poème sur le mois de juin
Faut être un sacré foutu bon écrivain
Ce que je ne suis… POINT !