lundi 29 janvier 2018

LA VIE EN BLANC


                                              BALANCE  LE  MAGOT,  LA  VIEILLE
                                              LENTEMENT,  TRÈS  LENTEMENT
                                              ATTENTION  AUX  GESTES  BRUSQUES
                                              N'OUBLIE  SURTOUT  PAS  LES  BIJOUX
                                              C'EST  LE  CASSE  DU  SIÈCLE

jeudi 25 janvier 2018

LA VIE EN ROSE


                                                        ROMANTIQUE  ET  PERVERSE
                                                        Ô  SE  PENCHE  À  MON  OREILLE
                                                        SUSURRE  DES  MOTS  SUCRÉS
                                                        ET  S'ÉVADE  DE  MA  NUIT

lundi 22 janvier 2018

L'ARAIGNÉE


En 1982, j'étais à Djibouti. À l'époque, des dizaines de petits mendiants grouillaient dans les rues pour vendre toutes sortes de marchandises : cigarettes, cartes postales, préservatifs... Parmi ces vendeurs ambulants, le plus connu s'appelait l'Araignée. Cruel sobriquet pour désigner un jeune handicapé dont les quatre membres étaient atrophiés. Cela l'obligeait à se déplacer plus ou moins en rampant, ses jambes et ses bras maigres et tordus lui donnant effectivement une vilaine apparence arachnéenne.

Ce petit gars qui devait avoir entre 12 et 14 ans, vendait des cassettes musicales qu'il transportait dans une boîte à chaussures accrochée à son cou. Aznavour, Dalida, Bob Marley, Disco italien, Bob Seger... et d'autres artistes totalement inconnus. Un jour qu'il se montrait pressant, je le mis au défi de me dégoter un AC/DC, sachant pertinemment qu'il n'en avait jamais en stock. Il me tendit alors la cassette d'un groupe inconnu et dotée une pochette hideuse... Speed Queen, le comble de la ringardise. Et  l'Araignée de rétorquer : « Pareil AC/DC, pareil, acheter, missié, pas cher. »

Après d'âpres négociations, je fis donc l'acquisition d'une immondice que je me promettais de jeter dans le premier caniveau venu. Sans le savoir, je venais d'acheter l'un des meilleurs albums de heavy metal français. Depuis, cette piteuse cassette a bien dû tourner des milliers de fois dans mon Walkman.

Je dédie cette rubrique à toutes les petites araignées qui courent les rues du monde entier à la recherche d'une piécette.

jeudi 18 janvier 2018

FRANCIS


Un matin, le bon Dieu feuilleta son journal intime pour vérifier qu'il avait tout bien fait sur la terre comme au ciel.

— Bien, se dit-il en se grattant le haut du crâne, pour ces cochons de rosbifs, j'ai créé les Beatles,
     les Stones et Bowie. Pour ces tarlouzes de yankees, j'ai fait Elvis, Dylan et Springsteen.
     Par contre, pour mes petits Français adorés, je crois que j'ai un chouia merdé.

Dans un grand plat en pyrex, il jeta quelques pincées de folk et de blues... parce que le bon Dieu aime bien le folk et le blues. Il ajouta une belle poignée de mots gorgés de soleil et d'amour, une pincée d'élégance désinvolte, et de larges extraits de la méthode à Dadi. Il enfourna pour 45 minutes à thermostat 7.

Ce qui en ressortit s'appelait Francis Cabrel.

Alors, le bon Dieu se dit que la France possédait enfin un troubadour de classe internationale et qu'il pouvait s'en retourner faire la sieste dans la cabane au fond du jardin.

lundi 15 janvier 2018

LA CHASSE AUX VAMPIRES


On est les meilleurs passqu'on est des… WINNERS !
On va gagner passqu'on est pas des… PÉDÉS !

Hey, les copains, il est temps de montrer qu'on en a dans le calfouette ! Déconnez pas, me laissez pas tout seul… pass' qu'y'a les nanas qui surveillent qu'on n'est pas des mauviettes, c'est un coup à se retrouver en première page de Trou-du-cul Magazine !

Ah bah ouaih, j'ai oublié de vous dire qu'on partait à la chasse. Ce coup-ci, on va pas dégommer de la tourterelle, même pas du sanglier ni du renard. Là, on s'attaque à du lourd, à du méchant, à du malsain, à des z'animals qui font très très mal avec leurs grosses dents qui piquent. Laissez tomber vos Opinels et vos lance-patates, et sortez plutôt les lance-flammes et les bazookas… et aussi les colliers d'ail, les crucifix et les piques en bois !

Comment, Jojo ? C'est pas possib, t'as piscine !
Hein, Jean-Pierre ? T'as rendez-vous au proctologue ! Ben merd'alors !
Et toi, Christian ? Cours de patchwork ! Ah bah OK !

Ch'uis le meilleur passque ch'uis un… WINNER !
Je vais gagner passque ch'uis pas un… PÉDÉ !
Bon bin, finalement, je vais plutôt me faire un cinoche !

jeudi 11 janvier 2018

AS TEARS GO BY


En 1964, les Rolling Stones ne sont encore qu'une bande de petits branleurs tout juste capables d'enregistrer des reprises de blues et de rock. La recette est certes payante, puisque leurs disques s'écoulent comme des pintes de pale ale dans les pubs de Liverpool, mais, sous la pression de leur manager, Mick Jagger et Keith Richards se décident enfin à écrire leur première chanson originale, ce sera As Tears Go By

Cependant, ils la jugent trop sentimentale pour être incorporée au répertoire du groupe et préfèrent la confier à une jolie petite blonde toute mignonne d'à peine 17 ans : Marianne Faithfull.

lundi 8 janvier 2018

CHAMBRE AVEC VUE


                                                Le vent souffle sur la rade
                                                Ta chemise de nuit jetée dans l'escalier
                                                Je me souviens de tous les soirs
                                                Passés dans ma prison éthylique

                                                Combien de temps y suis-je resté ?
                                                Le temps que l'hiver étouffe la lande
                                                Et toutes ces images tourmentées
                                                Sont gravées sur les murs de ma prison éthylique

                                                Ma prison est calme, stérile et blanche
                                                Elle est comme un tombeau
                                                Avec un papillon qui se débat dans la nuit

                                                Ma prison est calme, son atmosphère hantée
                                                J'ai entendu tant de cris, mais c'était mes cris
                                                Dans les affres de mon rêve étrange

                                                Ma confidente, elle sait tout de ma vie
                                                Ma prison éthylique me connait mieux que ma femme
                                                Je n'ai besoin de rien ici
                                                Je suis seul

(librement inspiré de The Quiet Room d'Alice Cooper et dédié à Renaud)

mardi 2 janvier 2018

CARTE POSTALE


Ouaih… bon… bin… euh !… Y'a pas que Paname dans l'Hexagone, merd'alors ! Y'a aussi tout ce qui a autour… un peu comme la couenne du cochon ! Et Dieu sait que tout est bon dans le cochon !

Que serait donc notre beau pays sans ses patelins paumés au fin fond de la cambrousse ?

Des trous perdus qui sentent bon l'herbe coupée et le fromage de chêvre.

Des bleds qui ne sont pas à vendre, mais qui se donnent comme un sourire.

Qui ne connait pas Peyrat-le-Château, Guémené-sur-Scorff, Vœgtlinshoffen, Saint-Affrique ou Florac ne sait rien de la vie. La vie qui s'écoule doucement au long des rivières.

Qui n'a jamais dormi au pied d'un olivier et senti le foin contre sa joue, ne sait pas que la terre raconte parfois des histoires… cri ! cri ! cri ! murmure-t-elle !