lundi 21 décembre 2020

CLUB LIBERTIN


Monsieur ?
    ♣ Oui, madame !

Mademoiselle, s'il vous plaît !
    ♣ Veuillez m'excuser… mademoiselle !

Je vous signale que vous avez un doigt dans ma chatte.
    ♣ Je confirme : il est bien à moi.

Mais ! Comment êtes-vous arrivé là ?
    ♣ De la manière la plus conventionnelle : en l'insérant dans votre fente.

C'est osé !
    ♣ J'ai osé !

Je pourrais m'offusquer !
    ♣ Vous pourriez !

Franchement, quelle drôle d'idée !
    ♣ Je précise qu'au départ, je voulais vous mettre un doigt dans le cul, 
       mais il y en avait déjà un !

Je sais, c'est le mien !
    ♣ Ah ! Il me semblait bien !

Sachez, monsieur, que je fais ce que je veux de mes doigts !
    ♣ C'est votre droit le plus légitime, mademoiselle ! 
       Et que diriez-vous de venir déguster un sauternes avec moi ?

Un sauternes ? Ma foi, je ne dis pas non, mais alors… juste un doigt !

lundi 16 novembre 2020

BLUES


Du bleu, du bleu
Je veux du bleu
Du bleu comme s'il en pleuvait
Du bleu dans le ciel
Et aussi dans tes yeux
Dans tes cheveux

Du bleu, du  bleu
Encore du bleu
Du bleu comme un torrent
Des soleils bleus
Des oranges bleues
Des javas bleues

Du bleu, du bleu
Toujours du bleu
Du bleu comme une promesse
Des bleus au cœur
Et des mots bleus
Pour les amoureux

Du bleu, du bleu
Du bleu à la folie
Du bleu comme un souvenir
Et quand je serai  mort
Qu'on jette mes cendres grises
Dans l'infiniment bleu de l'océan

lundi 2 novembre 2020

ANTICORPS


Le corps humain présente l'extraordinaire faculté de produire des anticorps pour combattre les virus qui l'attaquent. Partant de ce postulat, serait-il si saugrenu d'envisager que le fameux coronavirus qui nous tient par les couilles depuis des mois, pourrait lui-même être un anticorps sécrété par notre belle planète pour se débarrasser de son plus virulent prédateur… NOUS !

Putain ! Que je suis heureux de faire partie de la grande famille humaine… entité supérieure à toute autre forme de vie sur Terre. Si supérieure qu'elle s'évertue à éradiquer machinalement tout obstacle à son expansion, qu'il soit animal, végétal, minéral, parfois même humain, si le besoin s'en fait sentir. Oui je suis fier d'appartenir à cette lumineuse confrérie qui a imaginé la bombe atomique, les religions et le McDonald's — tous trois fondés sur le principe de la destruction massive. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » disait Nietzsche en 1888. Aujourd'hui, modestement, je lui rétorquerais : « Ce qui m'a rendu fort est en train de me tuer ». Petit à petit, l'humanité est devenue la grenouille de la fable qui gonfle, gonfle et regonfle encore jusqu'à l'inéluctable éclatement.

On a bouffé comme des gorets, posé nos pieds sales sur des plages vierges. On a mis en cage les cascades et les nuages. On a chié dans les ruisseaux, siphonné les océans, sans jamais nous soucier des vents et des marées. Est-ce qu'au jour du grand chambardement, nous oserons seulement regarder la Terre, les yeux dans les yeux ?

mardi 6 octobre 2020

L'A TOUR EIFFEL


Commençons par l'A
Par là, car l'A brunit
Et pourquoi l'A brunit-il ?
Peut-être n'a-t-il pas d'âme
Pas d'âme ! Pas d'âme ! 
Mais revenons à l'A
Et que fait l'A là
À l'orée de l'alphabet ?
Pointu l'A
Debout l'A
Hautain l'A
Ne vous rappelle-t-il pas
Une tour qui manque d'A ?
Pas d'A dans la tour
Pas plus que dans l'Eiffel
Pourtant je crois que l'A
Est la tour Eiffel de l'alphabet
Voilà… vois l'A !

dimanche 12 juillet 2020

PASSION SM


« Je ne serais pas contre une petite soirée SM avec toi ! »

Elle est comme ça, Anita : franche et directe. Quand elle veut quelque chose, elle n'hésite jamais à le demander. Je savais qu'elle était fan de SM, nous en avions déjà parlé à plusieurs occasions. Mais, qu'elle me propose de façon aussi directe de nous y adonner ensemble avait de quoi, je l'avoue, me troubler un peu.

Rendez-vous fut donc pris pour le samedi suivant. Comme à l'accoutumée, cela se passerait dans la cave que j'avais spécialement aménagée pour ce type d'activités. Tapissée de velours pourpre, la pièce baignait dans une obscurité bienveillante. Il y régnait une température douce et constante, propice à la convivialité. Avant tout, je devais vérifier le bon fonctionnement du matériel. À commencer par l'imposante chaîne qui trônait au milieu de la salle, face à un spacieux canapé en alcantara léopard.

Ce samedi arriva donc. Effrontément féminine, belle à damner un moine cistercien, Anita avait opté pour une tenue appropriée à nos activités à venir : maquillage sobre, petite robe noire cintrée en simili cuir, escarpins vernis, ceinture cloutée pour souligner sa taille fine. D'abord, je devais m'assurer qu'elle était pleinement consciente de ce que nous allions accomplir. Tout en sirotant un quarts-de-chaume frappé, nous avons évoqué ce qui allait se dérouler au cours de la soirée. Je lui demandai surtout de me laisser agir avec confiance, de ne pas contrevenir à ce que j'allais lui imposer. Je connaissais le matériel et son fonctionnement, je devais être seul maître de la cérémonie.

Elle accepta toutes mes conditions.

Nous pouvions donc commencer la séance. Lancer la machine — Matériel rustique, solide et fiable — Sony des années 90 — J'actionne la touche qui commande l'ouverture du tiroir central. Le jeu des minuscules rouages est à peine perceptible — Je dépose la rondelle argentée dans le logement qui lui est destiné — Le tiroir se referme automatiquement, lançant par la même le processus de décryptage des données numériques — Je rejoins ma partenaire qui est déjà positionnée sur l'aire de jeu.

En guise de préliminaires, Michael Kamen et son équipage se lancent à l'assaut d'un Ecstasy of Gold plein d'emphase. Il ne faut que quelques minutes pour que les quatre cavaliers de l'apocalypse ne répondent à l'Appel de Ktulu, à grand renfort de guitares électriques, de double grosse caisse et bardé de cuivres étincelants. Deux baffles B&O de 150 watts chacun, crachent à pleins poumons. Ample et puissante, la musique fuse comme une coulée de lave incandescente. Le fulgurant Maître des Poupées s'invite aux festivités. Par galanterie, je laisse l'air guitar à mon invitée, me cantonnant à l'air bass et à quelques breaks d'air drums. La fureur ne risque pas de s'estomper avec le vicieux Of Wolf and Man, encore moins le colossal The Thing That Should Not Be. Pendant plus de deux heures, le répertoire de Metallica, soutenu par l'orchestre symphonique de San Francisco, défile comme une horde de barbares assoiffés de sang et nous entraine jusqu'à la coda d'un surpuissant Battery.

Rompus par ce combat titanesque, nous nous écroulons, les muscles raides et la cervelle en fusion. Nous avons gouté au SM — Symphonic & Metallica — jusqu'à la lie. Il est temps de reprendre le cours de notre petite vie. Un dernier baiser avant de se séparer. Mutine, elle  me  glisse  à   l'oreille : « Je ne serais pas contre une petite soirée Get Yet Ya-Ya's Out avec toi ! »

mercredi 5 février 2020

PSYCHÉDÉLIQUE


Viens, je t'emmène…
Plus loin que la ville et ses cris
Au-delà du ciel et ses galaxies
Sous l'aile d'un paradisier
Vers les eaux pacifiques
D'un univers mandarine
Devenir aurore boréale
Et boire aux nuées mauves
Le nectar des fruits défendus
Se vêtir d'arc-en-ciel
Sculpter l'ocre rosée
D'un matin sucré d'épices
Inhaler des huiles arabiques
Aux senteurs charmantes
Enfin s'endormir candide
Au sein d'une sirène blonde