dimanche 12 juillet 2020

PASSION SM


« Je ne serais pas contre une petite soirée SM avec toi ! »

Elle est comme ça, Anita : franche et directe. Quand elle veut quelque chose, elle n'hésite jamais à le demander. Je savais qu'elle était fan de SM, nous en avions déjà parlé à plusieurs occasions. Mais, qu'elle me propose de façon aussi directe de nous y adonner ensemble avait de quoi, je l'avoue, me troubler un peu.

Rendez-vous fut donc pris pour le samedi suivant. Comme à l'accoutumée, cela se passerait dans la cave que j'avais spécialement aménagée pour ce type d'activités. Tapissée de velours pourpre, la pièce baignait dans une obscurité bienveillante. Il y régnait une température douce et constante, propice à la convivialité. Avant tout, je devais vérifier le bon fonctionnement du matériel. À commencer par l'imposante chaîne qui trônait au milieu de la salle, face à un spacieux canapé en alcantara léopard.

Ce samedi arriva donc. Effrontément féminine, belle à damner un moine cistercien, Anita avait opté pour une tenue appropriée à nos activités à venir : maquillage sobre, petite robe noire cintrée en simili cuir, escarpins vernis, ceinture cloutée pour souligner sa taille fine. D'abord, je devais m'assurer qu'elle était pleinement consciente de ce que nous allions accomplir. Tout en sirotant un quarts-de-chaume frappé, nous avons évoqué ce qui allait se dérouler au cours de la soirée. Je lui demandai surtout de me laisser agir avec confiance, de ne pas contrevenir à ce que j'allais lui imposer. Je connaissais le matériel et son fonctionnement, je devais être seul maître de la cérémonie.

Elle accepta toutes mes conditions.

Nous pouvions donc commencer la séance. Lancer la machine — Matériel rustique, solide et fiable — Sony des années 90 — J'actionne la touche qui commande l'ouverture du tiroir central. Le jeu des minuscules rouages est à peine perceptible — Je dépose la rondelle argentée dans le logement qui lui est destiné — Le tiroir se referme automatiquement, lançant par la même le processus de décryptage des données numériques — Je rejoins ma partenaire qui est déjà positionnée sur l'aire de jeu.

En guise de préliminaires, Michael Kamen et son équipage se lancent à l'assaut d'un Ecstasy of Gold plein d'emphase. Il ne faut que quelques minutes pour que les quatre cavaliers de l'apocalypse ne répondent à l'Appel de Ktulu, à grand renfort de guitares électriques, de double grosse caisse et bardé de cuivres étincelants. Deux baffles B&O de 150 watts chacun, crachent à pleins poumons. Ample et puissante, la musique fuse comme une coulée de lave incandescente. Le fulgurant Maître des Poupées s'invite aux festivités. Par galanterie, je laisse l'air guitar à mon invitée, me cantonnant à l'air bass et à quelques breaks d'air drums. La fureur ne risque pas de s'estomper avec le vicieux Of Wolf and Man, encore moins le colossal The Thing That Should Not Be. Pendant plus de deux heures, le répertoire de Metallica, soutenu par l'orchestre symphonique de San Francisco, défile comme une horde de barbares assoiffés de sang et nous entraine jusqu'à la coda d'un surpuissant Battery.

Rompus par ce combat titanesque, nous nous écroulons, les muscles raides et la cervelle en fusion. Nous avons gouté au SM — Symphonic & Metallica — jusqu'à la lie. Il est temps de reprendre le cours de notre petite vie. Un dernier baiser avant de se séparer. Mutine, elle  me  glisse  à   l'oreille : « Je ne serais pas contre une petite soirée Get Yet Ya-Ya's Out avec toi ! »

2 commentaires:

  1. On doit pouvoir trouver mieux que du B&O pour le SM. Cabasse, Klipsch, certaines Focal...

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    1. C'est en souvenir des premières enceintes que je me suis payées. Superbes, couleur acajou, des basses profondes et des aigus qui claquent… idéales pour le SM !!!

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