jeudi 28 décembre 2017

PETITE SŒUR


Petite sœur, petite sœur.

Tu te souviens comme on chantait quand on était enfant ? Tu étais Sheila, j'étais Claude François. Et tu te rappelles de nos petits "arrangements" scolaires ? Tu rédigeais mes rédactions, je faisais tes devoirs de techno. Et notre projet de créer une agence de détectives, dotée des instruments les plus modernes de Pif Gadget, tu t'en souviens ? 
On voulait aussi aller jouer au casino de Monaco. Finalement, j'y suis allé tout seul.

Pourquoi je suis parti ? Tu le sais bien, je te l'ai expliqué cent fois : l'océan avait besoin de moi. Tu n'as jamais aimé l'océan. Pourquoi tu es restée ? Tu me l'as dit mille fois : ailleurs te faisait peur. Je n'ai jamais aimé ici.

Petite sœur, petite sœur.

Combien de fois j'ai rêvé que tu venais en vacances chez moi, avec ton mari et tes trois enfants. Oui, tu voulais un mari et trois enfants. Tu voulais aussi des chiens, des chats, des poules et des lapins. J'ai eu des lapins que tu aurais sûrement aimés. Et j'aurais tellement aimé te montrer comment on attrape les étrilles à marée basse.

Petite sœur, petite sœur.

Ce fameux jour, on devait se retrouver au buffet de la gare de Metz. Pourquoi j'ai su dès le départ que tu ne serais pas au rendez-vous ? Pourquoi je n'ai rien fait pour te persuader ? Et pourquoi je n'ai jamais cru à ce "stupide" accident de la route. Tu étais toujours si prudente au volant.

Petite sœur, petite sœur.

Tu étais si timide. Fragile, effacée, blanche, évanescente... si transparente que je me demande si tu as jamais vraiment existé.

Petite sœur, petite sœur..

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