dimanche 30 décembre 2018

MITSUBISHI


J'aimais ces matins blancs, quand on restait couchés au moins jusqu'à midi.

À travers la baie vitrée, on voyait les vergnes pelés qui agitaient leurs grands bras maigres dans le vent d'ouest. Puis la colline qui montait en pente douce jusqu'à la source des Charmes. Plus loin encore, le grand rocher noir, témoin de nos ébats champêtres. Vautré comme une crêpe sur le couvre-lit de laine, Mitsubishi ronronnait comme un gros diesel angora.
Parfois, tu te levais pour essuyer la buée sur les carreaux. En contre-jour, ton cul éblouissant accaparait tout mon champ de vision. Et tu revenais te blottir sous la couette. Et tu te faisais un malin plaisir à coller tes genoux glacés sur mon ventre. Et tu riais quand je te traitais de sadique.

Un jour, tu n'as plus ri du tout. Tes yeux sont devenus secs, tes lèvres livides. L'hiver s'est invité dans notre lit. La buée s'est incrustée aux carreaux. Le gros diesel angora s'est exilé au salon. 

Pourquoi fait-il si froid, soudain ?

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