lundi 13 novembre 2017

CHIEN ERRANT


Putain, qu'est-ce que je fous au petit matin sur les marches de l'église San Sebastian de Ponta Delgada avec un troupeau de mammouths en rut qui me piétine l'hypothalamus ?

L'œil qui me scrute n'a rien d'humain. Il appartient à un chien pelé qui semble fort désappointé de me trouver vautré sur son territoire.

— Hola ! Como estas, amigo ? me dit-il en se grattant l'oreille.
— BLLLrrofffff, répondis-je en tentant vainement d'amadouer les mammouths.
— Madre de dios, vous n'aviez pas fière allure, hier soir, en sortant de chez la señora Rosie.
— Rosie ? La señora Rosie ? Le bordel au coin de la rue ? Je me rappelle maintenant : des filles
     à gogo, des torrents de sangria… mais après ?…
— … vous vous êtes écrasé comme une merde de goéland sur les marches de mon église !
— Nâ did'jiou ! Vous étiez là, vous avez tout vu ?
— Je vous ai même veillé toute la nuit, montrant parfois les crocs quand quelques malandrins
     lorgnaient sournoisement votre MasterCard.
— Je vous dois donc une fière chandelle !
— Disons que c'est le devoir de solidarité d'un chien errant envers un autre chien errant !

Nous nous sommes séparés dans le petit matin frisquet, reprenant chacun notre hasardeux périple. Depuis, quand je croise un chien miteux dans un port, je lui réserve toujours un petit bout de mon casse-croûte.

Je sais que personne ne va croire cette histoire, pourtant, je vous jure que sur la Terre, tous les chiens parlent la même langue.

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